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Les P’tites Michu de Messager

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Les Premières Représentations

Bouffes-Parisiens – Les P’tites Michu, opérette en trois actes de MM. Albert Vanloo et G. Duval, musique de M. Messager.

Le comte des Ifs s’est expatrié en 1792, ayant peur de la Révolution. Il a laissé en nourrice chez les époux Michu une petite fille, en se disant qu’elle serait mieux chez ces braves gens que mêlée à l’existence tourmentée de l’émigration.

Or, le comte reste à l’étranger jusqu’en 1800, époque à laquelle il accepte le gouvernement de Napoléon, lequel le prend immédiatement dans son armée et lui donne missions sur missions. Sept ans de suite, des Ifs parcourt les champs de bataille sans pouvoir rentrer en France. Enfin, devenu général, il a le loisir de réclamer sa fille aux Michu, qui sont établis crémiers aux Halles.

Mais voilà ces derniers navrés. Ils comptaient qu’on ne leur demanderait jamais la petite, et, du reste, sont dans l’impossibilité de la restituer. Et voici pourquoi. Ils possèdent, eux aussi, une fillette ; par maladresse, en faisant prendre un bain aux deux enfants en bas âge, placées nues dans un baquet, ils n’ont plus reconnu laquelle était la leur !... L’une s’appelle Marie-Blanche, l’autre Blanche-Marie, mais laquelle sera envoyée au général des Ifs pour devenir la femme du beau capitaine Rigaud ?

Les deux sœurs de lait, élevées gentiment dans un pensionnat, sont unies par une vive affection ; elles éprouvent des sentiments analogues pour la moustache de l’officier aperçu. Au hasard, Marie-Blanche est attribuée au général, et Blanche-Marie gardée chez les Michu pour épouser Aristide, le garçon laitier. Or, Marie-Blanche préfère peut-être Aristide, et Blanche-Marie raffolerait plutôt des épaulettes. Il faut donc établir un chassé-croisé. On poudre à frimas la chevelure de Blanche-Marie et l’on persuade au général qu’elle ressemble au portrait de la défunte comtesse des Ifs. Le changement s’opère et les mariages font conformes aux vagues désirs de chacun.

La donnée de MM. Vanloo et Georges Duval est ingénieuse et leur pièce charpentée avec habileté. Par malheur, chaque personnage demeure sans passion bien déterminée et l’on ne s’intéresse guère au résultat de leurs démarches puisqu’ils n’éprouvent que des désirs mal définis et ne savent pas au juste ce qu’ils veulent.

La musique de M. Messager a séduit par sa grâce mélodique et son élégance. Certaine prière à saint Nicolas est d’un ton charmant, et le finale du second acte, très mouvementé, assure un quadrille étincelant pour les prochains bais de l’Opéra.

Mlle Odette Dulac est une exquise Blanche-Marie, dont le talent étudié et fin promet aux Bouffes une étoile. D’une voix au volume modeste, mais timbrée et intelligemment conduite, elle a dit à ravir la romance « Vois-tu, je m’en veux moi-même ».

Mlle Alice Bonheur a de la désinvolture et de la verve ; elle nous a présenté une accorte Marie-Blanche.

MM. Regnard, un amusant Michu ; Brunais, Maurice Lamy, Barral, Manson ; Mmes Laporte et Vigouroux forment un ensemble satisfaisant.

La pièce est mise en scène avec soin, et ses trois jolis décors neufs ont été appréciés. Elle fournira certainement une bonne carrière.

Personnes en lien

Chef d'orchestre, Compositeur, Organiste

André MESSAGER

(1853 - 1929)

Œuvres en lien

Les P'tites Michu

André MESSAGER

/

Albert VANLOO Georges DUVAL

Permalien

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date de publication : 15/09/23