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Cendrillon d’Isouard

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LES THÉÂTRES

OPÉRA-COMIQUE. — Cendrillon. (Reprise.)

La direction de l’Opéra-Comique, qui déploie une louable activité, vient de nous rendre un ouvrage de Nicolo, bien inconnu de la génération actuelle, car il n’a pas été représenté depuis 1845.

Le sujet de Cendrillon a fourni tant de féeries, tant d’opéras-comiques et tant de comédies qu’on s’y perd. Rien qu’en 1810, le conte de Perrault fut mis au théâtre huit fois ; depuis, il a continué son tour du monde dramatique, et passé par toutes les scènes, depuis celle des Italiens, avec la Cenerentola, jusqu’aux petites planches du Théâtre-Miniature, jusqu’à l’arène du Cirque-d’Hiver.

La Cendrillon d’Etienne et Nicolo est une des huit de l’année 1810. Elle obtint alors un grand succès. Elle n’est pourtant pas demeurée au répertoire, et sa résurrection n’a guère que l’attrait de la curiosité. M. Carvalho ne l’en a pas moins montée avec un soin extrême, et le même luxe qu’il eût déployé pour une œuvre nouvelle. Il ne tiendra pas à lui que cette musique du passé ne soit aussi appréciée que les plus bruyantes musiques de l’avenir.

Le livret d’Etienne est simple et naïf ; c’est le conte sans développement. La partition, non moins simple, compte peu de morceaux saillants ; mais il y règne d’un bout à l’autre une grâce et une suavité qui sont loin d’être sans charme. L’orchestre, d’où presque tous les cuivres sont absents, accompagne le chant d’une série de ritournelles, qui ont paru délicieuses à nos oreilles fatiguées des grands vacarmes. Puis quelques motifs demeurés dans le souvenir de nos mères ont été salués au passage, entre autres la jolie chanson :

"Attentive, obéissante,

Je sers toute la maison,

Et je suis votre servante,

La petite Cendrillon..."

Le premier acte est le meilleur ; le trio d’ouverture, où revient le couplet connu de Compère Guillery, est ravissant, et il renferme en ouvre un duo charmant entre les deux sœurs de Cendrillon. Le second aurait sans doute été froid, malgré le grand air de Clorinde, si le ballet n’était venu l’égayer.

Ce ballet, le grand succès de la soirée, a été ajouté à l’œuvre de Nicolo. C’est, m’a-t-on dit, M. de Lajarte, qui l’a composé sur une foule de vieux airs, de Lulli et d’autres ; il lui font honneur. On ne saurait mieux pasticher. C’est la reproduction d’un ballet des Quatre-Saisons donnée par Louis XIV dans le parc de Versailles. Les costumes sont magnifiques, le décor est surprenant, et les danseuses sont adorables. Ce ballet, qui a été bissé, sera certainement la principale attraction de cette reprise. 

Si la mise en scène est soignée, on n’a pas négligé l’interprétation qui est excellente. Le rôle de Cendrillon a servi de début à une jeune élève de Mme Miolan, Mlle Potel. Cette artiste, presque une petite fille, a une voix faible encore, mais très fraîche et très sympathique ; elle a beaucoup plu, et l’on sent à son jeu et à sa méthode qu’elle plaira plus encore quand elle se sera fortifiée et qu’elle aura vaincu sa timidité première.

Mmes Franck Duvernois et Chevalier ont enlevé leur duo avec une verve brillante. Succès aussi pour Nicot et pour M. Villars.

En résumé, 

"Du haut des cieux, ta dernière demeure,

Ô Nicolo, tu dois être content !" 

Personnes en lien

Compositeur, Éditeur

Nicolò ISOUARD

(1773 - 1818)

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Cendrillon

Nicolò ISOUARD

/

Charles-Guillaume ÉTIENNE

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date de publication : 18/09/23