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Du concours pour le Grand Prix de musique, et du voyage des musiciens lauréats

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Du concours pour le Grand Prix de musique, 
et du voyage des musiciens lauréats.

Je maintiendrai (Devise des Nassau).

La saison des dernières récoltent s’avance. L’Institut a aussi fait la sienne : récolte annuelle, non de lauriers, mais de lauréats, dont on va expédier le chargement complet pour l’Italie. Les brocards anniversaires vont tomber en cette occasion comme la pluie d’octobre. L’Institut y sera peu ou beaucoup, ou point sensible, c’est son affaire ; ce ne sera jamais la mienne.

Je n’ai pas la prétention de défendre les absens, encore moins de prendre la cause de quiconque dédaigne de se défendre soi-même ; je vais très-simplement, très-uniment, parler au nom du bon sens, de l’art, et d’idées qu’on méconnaît parce qu’elles sont reconnues officiellement, et qu’on exalterait outre mesure si elles n’avaient pas reçu une sanction légale. 

Moi aussi, j’aime la contradiction à mes heures, et puis, je déteste les lieux communs, et Dieu sait comme il s’en débite à grand renfort d’esprit et de verve sur le concours annuel pour le grand prix de musique.

Or, je prétends, moi, que cette institution a du bon et que si elle n’existait pas, vous l’appelleriez à grands cris.

Je soutiens que calculer mesquinement les sommes que coûtent ces récompenses, c’est faire de l’art comme le Constitutionnel fait sa politique ; politique que du reste, nous admirions fort il y a douze ans.

Je soutiens, que les argumens employés en pareil cas sont dignes du Constitutionnel, ce qui ne les empêchent pas d’être fort amusans, comme il faut reconnaître que des hommes de mérite ont souvent fait la burlesque besogne du Constitutionnel. 

Les uns attaquent l’institution même du concours, les autres les moyens d’exécution : les premiers ne réfléchissent pas qu’ils se font justement les orateurs auxiliaires de ces pauvres marchands de canelle, d’huile et de girofle dont ils se sont tant moqués. Les susdits marchands, protecteurs nés de l’Opéra-Comique et national et des concerts en plein vent, soutiennent en effet, ore rotundo, que c’est une honte de gaspiller l’argent des contribuables à payer des musiciens pour aller chercher du talent sur la terre étrangère, comme si nous n’étions pas le premier peuple du inonde, comme si nous ne possédions pas les plus beaux modèles, comme si Musard ne s’était pas formé sans le voyage de Rome. Quant aux gens qui taquinent sur les moyens d’exécution, il est peut-être plus difficile de s’entendre avec eux, parce qu’ils ont raison sur quelques points de détail, et que cette raison ou quasi-raison, par ce petit crescendo d’ivresse et d’irritabilité que donne le sentiment du succès, les amène à vouloir démolir tout le reste. 

Après tout, il m’importe fort peu de m’entendre ou de ne m’entendre pas avec eux sur ce point là ; le principal en ce moment est d’examiner leurs argumens. 

On s’indigne que, pour être admis au concours, il faille prouver qu’on sait bien faire une fugue à quatre parties et écrire un chœur ! Aimeriez-vous donc mieux que les aspirans pussent ne rien savoir, si tel était leur bon plaisir, et que le premier goujeat, confiant dans l’inspiration de la belle nature, exigeât que Cherubini, Lesueur, Berton, Meyerbeer, Auber, etc. s’occupassent sérieusement de son extravagant barbouillage ? Quant à la fugue en elle-même, je la prise aussi peu que qui que ce soit, et tout comme Berlioz, je l’exècre dans les amendes messes, mais je ne vous la livre pas pour cela. C’est jusqu’ici le meilleur exercice connu pour assouplir le style et rompre la main ; et je ne trouve rien d’absurde à faire prouver aux gens par l’épreuve de ces casse-cous que la main est tout-à-fait dégagée et n’a plus qu’à transmettre les volontés de l’imagination sans s’occuper des moyens. C’est la condition capitale de toute création, et quoi qu’en disent les gens qui savent tout sans avoir rien appris, on ne peut bien faire une œuvre de pensée que lorsque la main obéit sans résistance et sans que l’esprit perde son inspiration à courir à ce qui l’arrête. Ceci soit dit pour les susdits inventeurs de science facile dont on n’entend plus jamais parier, et pour la défense des pauvres travaux d’école dont la cause n’est pas populaire. Donc, au risque de passer par anticipation pour perruque, mon opinion est qu’un homme qui se joue avec facilité d’une fugue, prouve implicitement qu’il traitera sans préoccupation pénible une scène dramatique alors qu’elle lui viendra. J’ajouterai qu’il serait bien plus perruque de faire prouver à un élève qu’il sait faire de la musique dramatique, ce qui équivaudrait à dire : « Avez-vous bien appris l’âme, le goût, l’esprit et le sentiment des convenances, toutes choses que les damnés hérétiques qui se séparent des écoles assurent ne pouvoir être apprises ? » 

Je sais bien qu’on me répondra que, par une fugue, l’élève ne prouve pas qu’il sait écrire pour le caractère des différens instrumens. L’observation serait juste, mais une légère modification au règlement la ferait tomber. Il suffirait de demander que cette fugue fût écrite pour certains instrumens désignés. Quant au chœur, c’est le corrélatif nécessaire qui sert à démontrer que l’élève sait employer les voix. 

On a tort, je le reconnais, d’exiger que les manuscrits soient signés. Quand j’étais, moi soixantième, représentant de mon lycée au concours des lycées de Paris et de Versailles, si parva magnis componere licet, nos compositions portaient seulement une devise, et la même devise accompagnée de notre nom, était renfermée séparément dans une sorte de grande tirelire cachetée. C’est une précaution bonne et facile à prendre partout. Mais voyez la méchanceté ! De mon temps aussi, l’on soutenait que les professeurs communiquaient aux juges amis les compositions de leurs protégés, pour les leur faire reconnaître. Je suis trop peu malin pour dire que sans doute ces choses là ne se font plus aujourd’hui. 

C’est encore avec raison qu’on déplore la faiblesse, la prétentieuse platitude, ou, ce qui est la même chose, la classique enflure et les formes invariables du poème sur lequel doivent s’exercer les concurrens. D’après cette profession de foi, l’on ne me soupçonnera pas de quelque velléité apologétique des éternelles cantates de M. Vieillard qui fut long-temps le fournisseur à gages pour cette sorte de denrée. Pourtant, les musiciens devraient, plus que tous autres, reconnaître de bonne foi que cet inconvénient n’est qu’apparent. La source de la musique est dans le musicien. On lui dit : « voilà des passions : cherchez quelles sont les vôtres en pareille situation, et donnez-nous l’expression de votre individualité. » En pareil cas, les paroles, belles ou prosaïques, sont à la musique ce que le bois précieux ou vulgaire est au velours et au galon d’or dont on fait un trône. Et cela est si vrai que les plus belles poésies n’ont presque toujours inspiré que de très-faibles musiques, et que Mozart a fait un chef-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvre avec le texte absurde, inintelligible de la Zauberflœte. Cependant, il serait toujours mieux, au moins pour l’honneur de l’Académie, qu’on donnât aux jeunes musiciens un texte respectable. 

Les concurrens devant être séquestrés de toute influence extérieure, on comprend qu’on ne veuille laisser arriver jusqu’à eux ni conseils, ni indications relatives à l’objet du concours ; mais je conçois aussi, par la difficulté qu’on éprouve dans la pratique à suivre dans toutes ses conséquences l’application d’un principe, je conçois, dis-je, que pendant une séquestration qui peut durer jusqu’à 22 jours, on ait reculé devant l’idée de priver les concurrens de toute visite. L’ennui et le dégoût de l’isolement pourraient exercer une influence fâcheuse, justement sur les sujets les plus sensibles et l’imagination la plus impressionnable. 

Si l’on vous disait qu’il faut trouver un moyen de combattre les coteries et les préférences de professeurs, vous seriez peut-être les premiers à proposer qu’un jury d’artistes étrangers aux influences de l’école fût appelé à juger les compositions des élèves musiciens. Il ne s’agit plus là en effet d’apprécier la correction des morceaux selon la grammaire spéciale de la musique. Une épreuve préparatoire y a suffisamment pourvu. Il faut au contraire faire pour la première fois à ces jeunes gens un public qui juge en dehors des habitudes et des préoccupations scholastiques, mais un public sensible, éclairé, ayant le sens artiste et probablement le sentiment des convenances de l’art en général. Et qu’on ne vienne pas dire qu’un peintre ou un sculpteur est appelé à juger le produit d’un art précisément parce qu’il ne le comprend pas. Toutes ces banalités exprimées en termes fort bons tombent devant l’examen des faits. Il est grandement à présumer que le sentiment de l’art est indivisible (sauf exception), et j’ai entendu les rapins de l’atelier de Gros chanter des chœurs mieux qu’on ne le fait à l’Opéra-Comique. Le seul vrai public musical de Paris, celui des concerts du Conservatoire, n’est guère composé que d’artistes de toute espèce ; et je demanderai aux musiciens qui écrivent ou écriront des opéras et des symphonies, s’ils ne préféreraient pas de grand cœur, pour une première représentation, ce public-là à celui que composeraient seuls les professeurs de leurs rivaux. Le mode de jugement du concours de musique à l’Institut n’est probablement pas le meilleur, absolument parlant ; mais c’est le plus raisonnable en attendant mieux. 

On exécute au piano devant ces juges les compositions du concours, toutes écrites pour des instrumens. C’est un grand inconvénient sans doute, qui ne peut s’expliquer que par l’énorme dépense à laquelle auraient donné lieu la réunion d’un orchestre et les répétitions de dix cantates différentes. Au surplus, un pianiste accompagnateur habile, comme j’en connais quelques-uns, sait faire comprendre jusqu’à un certain point la différence de caractère des instrumens, et les gens dont l’oreille est exercée, distinguent fort bien, même à l’audition au piano, un travail où l’instrumentation est traitée avec soin, de même qu’ils reconnaissent à la nature des mélodies, rentrées, phrases incidentes, etc., à quels instrumens ces détails sont confiés. Il serait donc nécessaire que l’Académie des Beaux-Arts s’attachât un des habiles accompagnateurs dont je parle. Il me paraît fort absurde d’obliger un pauvre élève d’enrôler lui-même ses exécutans, sous peine de ne pas être entendu. Quant au second jugement, c’est un surcroît de précautions surabondant. 

On déplore que chaque lauréat musicien coûte à la France seize à dix-sept mille francs. Il n’est à cela qu’une seule réponse : Qui veut la fin veut les moyens. Comme la faim pousse trop souvent le génie ou le talent hors des voies glorieuses de l’art, il est fort bien de mettre pendant cinq ans à l’abri du besoin les génies présumés ou en espérance qui peuvent honorer leur pays, pour qu’ils travaillent dans un but désintéressé. Qu’un notariot ou un procureur de province, vandale fier de sa cote de contributions, tout gonflé de sa faconde cantonnale, entreprenne de conquérir de la popularité à bon marché en déclamant contre un pareil gaspillage des deniers publics, je le comprends d’autant plus, que les petits airs de piano ou les romances que ledit notaire se fait écorcher après boire par sa fille n’ont rien de commun avec le grand prix de composition. Mais je suis encore à comprendre que des artistes aient laborieusement supputé les sommes que coûte à l’état depuis 30 ans la culture de cette pépinière musicale. 

Je comprends aussi peu que des artistes jeunes, ennemis déclarés des routines, des imitations serviles et des entraves, accusent le plus fortement le règlement des concours, là où il les dispense de tout travail routinier d’imitation et les affranchit complètement. Ce règlement, par un raffinement de méchanceté et de sottise, envoie les lauréats qui n’ont plus désormais qu’à apprendre les passions et la vie, dans le pays où la vie est la plus énergique, où les émotions sont le pain de chaque jour. 

Certes, le trait est noir. 

Mais les musiciens peuvent habiter pendant deux ans, à leur gré, Rome, Velletri, Subiaco, Castel Gandolfo, Terracine, Civita-Castellana, Frascati, Tivoli, etc.

Tivoli, Frascati, Castel Gandolfo, Subiaco ! L’eau m’en vient à la bouche, et si j’y avais passé deux ans aux frais de l’État, je ne pourrais probablement le lui pardonner de ma vie. 

Quoi ! c’est dans un temps où l’on se moque des travaux puérils de l’école et des réglemens qui prétendent régler l’imagination et discipliner l’art, qu’on vient attaquer le seul règlement peut-être qui tienne compte de l’organisation morale de l’homme et se départe du pédantisme professoral et bureaucratique en faveur de la liberté ! Mais, dit-on, c’est une absurdité d’envoyer des élèves à Rome, où l’on fait aujourd’hui la plus mauvaise musique du monde, où l’on ne trouverait pas un seul professeur. Voilà une de ces doctrines artistiques dignes du Constitutionnel. Ne croirait-on pas entendre quelqu’un de ces vieux rats de théâtre et de classes, qui ne connaissent d’autre Apollon que le soleil des quinquets, d’autres parfums que les émanations putrides du premier dessous, d’autres sources d’inspiration que la musique toute faite ? Eh ! qu’importe qu’où ne trouve pas de Conservatoire à Rome ? Est-ce que votre musicien n’a pas prouvé à votre grand regret qu’il savait écrire facilement dans le style le plus difficile ? Qu’importe qu’il ne retrouve plus en Italie les magnifiques symphonies de la rue Bergère et la troupe chantante de la maison Robert, Rossini et compagnie ! Vous hausseriez avec raison les épaules, si l’on vous disait que le musicien doit tailler éternellement sur le patron de Beethoven et n’écrire que des cantilènes approuvées par les exigences laryngiques de Rubini et de Tamburini, tout admirables chanteurs qu’ils soient. Encore une fois, ce qu’il faut au musicien licencié, ce sont des émotions nouvelles, de la vie réelle avec toutes ses passions, des passions chez les autres, et même chez lui. Cela n’est peut-être pas très-moral ; mais vous n’êtes pas de ces bonnes gens qui vont répétant que le théâtre et l’art doivent être moraux avant tout. Pour le dire en passant, l’art, pas plus que le théâtre, n’est moral ni immoral : il est, avec plus d’exaltation, plus de poésie, quand cela est possible, ce qu’est l’homme, ce qu’est la réalité, expression de vice et de vertu. Donc, il faut que tout homme de quelque valeur dans le monde apprenne la vie, qu’il l’apprenne sous bien des faces, qu’il l’apprenne par les autres et par lui-même ; et, quand ce ne serait qu’à titre de récompense, il est bien que les musiciens d’élite voués à certains momens à l’exaltation, aillent chercher l’exaltation en Italie, où elle est plus abondante que partout ailleurs. Les deux années qu’ils y passent peuvent donc, à mon sens, être fort profitables à ceux qui peuvent comprendre ce pays. Il est vrai que tous ne sont pas à cette hauteur, mais ce n’est pas la faute de l’institution. Il faudrait aussi qu’ils y travaillassent davantage, c’est-à-dire qu’on exigeât d’eux des preuves plus nombreuses de travail. Comparer ensuite l’état de l’art dans les différens pays est chose fort utile ; le règlement y pourvoit en envoyant les lauréats en Allemagne, puis on leur laisse encore deux ans disponibles pour qu’ils puissent se faire une position. C’est à la fois logique et paternel ; et ces précautions, fussent-elles surabondantes jusqu’au ridicule, je ne comprendrais pas encore que ce fussent des artistes qui les tournassent en dérision. On dit encore que le voyage en Italie est un luxe inutile. Cela n’est vrai que pour certains individus chez qui le sens poétique n’existe qu’en dose minime. Mais ce voyage nous a valu la symphonie d’Harold de Berlioz, et c’est là un beau résultat, puisqu’on ne compte guère plus de cinquante belles symphonies en Europe, et que Berlioz a fait les deux seules que puisse citer l’école française. Cela, pour le dire en passant, valait bien les seize à dix-sept mille francs qu’on a dépensés pour lui. Si tous les autres lauréats n’ont pas rendu autant à l’état, leur action, pour être moins sensible, a été plus ou moins utile à l’art, et si l’on pouvait apprécier cette utilité en francs et centimes, on verrait qu’on y perd beaucoup moins qu’on ne le dit. 

Enfin ce malheureux concours est battu en brèche même pour les articles du règlement qui ne s’y rattachent que de loin. Un de ces articles porte en effet que l’Académie s’engage à procurer à chaque lauréat, à la fin du temps de sa pension, un poème d’opéra, et à le faire jouer sur un théâtre. C’était là certainement une disposition fort rationnelle, mais absurde dans la pratique comme beaucoup de choses rationnelles. Aussi n’a-t-elle jamais été exécutée, et l’on fait sonner cette infraction bien haut, comme si l’Académie avait une action quelconque sur aucun théâtre, comme si elle pouvait se porter forte pour des entrepreneurs de divertissemens publics ! Cet article s’est abrogé naturellement et dès l’origine, comme toute législation inapplicable, et il faut porter une grande haine à l’institution du concours pour la rendre responsable de ce mécompte qui n’en est plus un pour personne. 

En résumé, qu’a-t-on voulu, qu’a-t-on promis à la nation quand on a institué le concours pour le grand prix de musique ? Lui a-t-on dit : « Ouvrez-nous un crédit de 17 mille francs par an, et pour cette somme, nous vous promettons à chaque mois de juin un musicien de génie. » C’eût été trop risible ; et pourtant, à entendre certains détracteurs de l’institution, si l’homme de génie n’est pas éclos chaque année, c’est que la machine couveuse est mal construite ou qu’on la fait mal fonctionner. L’homme de génie vient très-rarement, on le savait, on l’a toujours su ; mais on se résignait ainsi au pis-aller qui est l’état ordinaire, pis-aller qui consiste à aider par année cinq hommes de talent sur lesquels on risque de trouver le génie ou demi-génie qu’on cherche. Et vous croyez avoir découvert les premiers que le concours est impuissant à produire des Mozart, des Chérubini, des Boieldieu ! On le prévoyait avant vous, on l’a prévu dès l’origine ; mais dans l’intérêt de l’art et des hommes qui le cultivent, on a eu plus de laisser-aller et d’indulgence que vous autres artistes. D’ailleurs, on a senti le besoin de soustraire pendant un temps suffisant quelques hommes d’élite à l’action délétère du vaudeville, de l’orgue de Barbarie et du marchand de musique qui demande des romances, des airs variés et des quadrilles. Et qui sait ce que serait devenu l’art chez nous, si une trentaine d’hommes n’avaient pas vu, quand la faim et la soif les assiégeaient, surgir devant eux ces Oasis protectrices où ils ont pu, pendant cinq ans, prendre des forces pour le reste de leur vie ? Cessez donc de leur envier ces loisirs que leur fait la nation dans l’intérêt bien entendu de l’art, et croyez bien que la nation ne fait pas un marché de dupe. 

Voilà pour le concours en lui-même. Quant aux moyens d’exécution, il existe des abus ; qui le nie ? Il en existerait si vous, si moi, nous étions appelés à diriger la machine. C’est l’inconvénient attaché à toutes les choses humaines, et nous n’avons pas lieu d’être si fiers d’une découverte qui nous accuse dans l’infirmité des autres. Ce n’est pas à dire qu’il faille tolérer les abus. Leur faire la guerre est au contraire le seul moyen de neutraliser leur influence inévitable, et nous serons des premiers à nous proposer pour auxiliaires, si vous nous jugez digne de marcher à vos côtés. Il serait seulement nécessaire de nous mettre d’accord sur ces abus ou prétendus abus, et je craindrais fort que cette opération préliminaire ne nous coûtât plus de peine que la guerre elle-même. 

GERMANUS LE PIC

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date de publication : 19/10/23