Amadis de Gaule : argument et livret
En 1684, le poème sur l’histoire d’Amadis que Philippe Quinault (1635-1688) destine à Lully relève du « fait du prince » : il s’agit d’une commande expresse de Louis XIV sur un sujet que, personnellement, Quinault goûte peu. Et pour cause ! Amadis est l’archétype du roman chevaleresque, catégorie inventée précisément par les théoriciens de l’âge classique dans une intention péjorative non dissimulée : rejeter toute cette littérature médiévale ou renaissante, aimable et déraisonnable à la fois, hors du champ de la grande littérature des Temps modernes. Appartenant à ces Temps modernes, contemporain desdits théoriciens classiques tels Boileau, membre de l’Académie française depuis 1670, Quinault avait de bonnes raisons d’être réservé à l’endroit d’un pareil sujet. Amadis appartenait à un autre âge, celui de la Renaissance. La version moderne de ce roman chevaleresque anonyme du xive siècle, due à l’Espagnol Garci Rodríguez de Montalvo (mort en 1504), avait été « francisée » par Nicolas Herberay des Essarts en 1540 et reçue avec enthousiasme par la cour des Valois à tel point que l’historiographie parle de « phénomène Amadis ». Pour Henri IV encore, successeur des Valois et aïeul du Roi-Soleil, Amadis tient lieu de véritable « bréviaire ». Mais, objet de délectation dans un univers maniériste sur le déclin, Amadis parut immanquablement daté à la génération suivante. Seul le goût – pour le coup retardataire – de Louis XIV explique qu’on en fît le sujet d’une tragédie lyrique.
Livre-disque Johann Christian Bach. Amadis de Gaule (2012).
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Johann Christian Bach. Amadis de Gaule
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date de publication : 13/01/24