Hervé par lui-même
Livre en français. Écrits du père de l’opérette présentés par Pascal Blanchet. Arles : Actes Sud / Palazzetto Bru Zane, 2015.
Il ne suffit pas d’inventer un genre musical pour atteindre l’immortalité. Louis-Auguste-Florimond Ronger, dit Hervé (1825-1892), compositeur d’importance capitale pour l’histoire de la musique française, en donne un cruel exemple. Véritable père de l’opérette, genre qu’il met sur pieds au milieu des années 1850, il fut complètement occulté par son grand rival Jacques Offenbach (1819-1880). Malgré quelques tentatives sporadiques et sympathiques, on ne parvient pas à le sortir de cet anonymat relatif ni, surtout, à faire connaître pleinement sa musique. Le présent petit livre se propose, en lui donnant la parole, de ranimer un intérêt pour l’œuvre de celui qu’on a longtemps connu sous le surnom de “Compositeur toqué”. Doué pour l’écriture, Hervé – tout comme Wagner – rédige souvent ses propres livrets, dans lesquels il se met parfois en scène, mais aussi des articles et des mémoires, dont les fascinantes Notes pour servir à l’histoire de l’opérette. Il écrit également de nombreuses lettres, parfois aux journaux mais le plus souvent à des directeurs de théâtre. Ces lettres, rarement ou jamais citées par ses biographes, constituent de précieux témoignages sur le vif de la vie d’un compositeur au milieu du XIXe siècle ; elles apportent aussi un nouvel éclairage sur la vie d’Hervé, en qui on est surpris de découvrir un être anxieux, en mal de reconnaissance. On pourra s’apercevoir, au fil des pages de ce livre, que Hervé, compositeur toqué certes, n’était vraiment – comme il le dit lui-même dans une lettre étonnante – “pas plus niais que Wagner ou Verdi”…
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date de publication : 19/10/23