Mort et transfiguration

Aujourd’hui l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo  rend possible la découverte de Déjanire, dont seuls quelques extraits avaient été révélés par le Festival de Radio France à Montpellier en 1985. Cet ouvrage de Saint-Saëns connut, comme presque tous les autres, un processus créatif complexe. Celui-ci est sans doute d’un radicalisme peu fréquent dans l’élaboration d’un opéra car, d’une pièce déclamée en vers et assortie d’une musique de scène orchestrée pour le plein air, Saint-Saëns allait tirer une tragédie lyrique intégralement chantée, formatée pour des scènes plus modestes. Le sujet, à dire vrai, appelait davantage des confrontations raciniennes en tête-à-tête que des tableaux collectifs, si ce n’est l’apothéose finale du bûcher où se précipite Hercule. Cet enregistrement atteste que la transformation en opéra profite admirablement à la tragédie de Gallet, lequel – mort juste après la Déjanire de Béziers – n’a jamais connu cette nouvelle mouture.