Politique nationale et prix de Rome
En juillet 1871, après la désastreuse guerre franco-prussienne, le ministre Jules Simon implore la nation : « La France est à l’oeuvre pour renaître ; elle marche à pas de géant vers la résurrection. » Auber, directeur du Conservatoire de Paris depuis 30 ans, vient de mourir, et dans son éloge funèbre, son successeur, Ambroise Thomas, s’exclame pareillement : « Que les arts renaissent ! » Durant les premières années de la Troisième République, la plupart des dirigeants français considèrent l’enseignement comme la clé de la régénération du pays. Les républicains, en particulier, espèrent que l’éducation sous tous ses aspects – à l’école, à la maison, par les arts – résoudra le problème de l’intégration culturelle. Dans la lignée de leurs prédécesseurs révolutionnaires et saint-simoniens, ils envisagent l’enseignement comme un puissant moyen de forger l’identité d’un peuple. Intelligemment conçu, cet enseignement pourra inspirer des notions communes de vérité, d’histoire et d’intérêt nationaux aussi bien que de devoir, de correction et de bon goût. Désireux de contrôler autant que possible toutes les formes d’éducation, le gouvernement français intègre les arts au Ministère de l’Instruction publique à partir de 1870. Dès lors, le ministre remplit également les fonctions de ministre des Beaux-Arts. Dans une culture ayant une haute idée de la science, il est significatif qu’en 1875 le ministre Henri Wallon proclame que, sous son administration, « les Beaux-Arts ont un rang égal aux Sciences et aux Lettres ». Dès 1889, les arts deviennent un « service public » fonctionnant comme l’école publique.
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date de publication : 16/09/23