Richard Wagner et le Grand Opéra français
Il arrive parfois, notamment dans les programmes de salle des théâtres, que soit invoqué le jugement de Wagner pour justifier l’intérêt que l’on porte aujourd’hui à La Juive de Halévy, à La Muette de Portici d’Auber, voire au Prophète ou aux Huguenots de Meyerbeer : c’est là un étrange paradoxe historique, dans la mesure où Wagner a une part de responsabilité énorme dans la disparition du Grand Opéra français des répertoires des théâtres d’aujourd’hui, que ce soit parce que ses drames musicaux l’ont supplanté dans la faveur du public, ou bien à cause de la propagande virulente menée par le compositeur allemand et ses adeptes contre une esthétique qu’on a injustement réduite au culte de l’« effet sans cause » (« Wirkung ohne Ursache »). Il n’en reste pas moins que, pour toute une série de raisons – souvent d’ailleurs contradictoires –, Wagner (pas plus que Verdi) n’aurait été possible sans le Grand Opéra français. La confrontation avec ce genre aujourd’hui tombé en désuétude a été un moment absolument décisif dans l’évolution artistique du compositeur de Parsifal – sans parler des arrière-plans personnels de cette relation (notamment la rivalité plus ou moins fantasmée avec Meyerbeer) et l’épineuse question de l’antisémitisme.
Personnes en lien
Permalien
date de publication : 16/09/23