Terreur vénitienne, héroïsme français et amours impossibles
En mettant en musique l’histoire de la reine chypriote Catarina Cornaro, réinventée par Saint-Georges, Halévy a manifestement senti le potentiel scénique du mariage contrecarré de Catarina, de la rivalité ambivalente des chevaliers français exilés qui demandent sa main et des riches couleurs musicales et dramatiques promises par les scènes de fêtes exotiques à Venise et à Chypre. Il était peut-être également en proie à une certaine nostalgie pour l’Italie, pays qu’il avait exploré avec enthousiasme à ses débuts de carrière, suite à son Prix de Rome obtenu en 1819. Mais, selon son frère Léon Halévy, collaborateur artistique et biographe du compositeur, l’une de ses sources d’inspiration majeures était la « sombre et mystérieuse terreur » de Venise. Cette image de la ville s’inscrivait dans une veine féconde de représentations éminemment politiques de la République de Venise, qui faisaient allusion au despotisme secret de ses premiers dirigeants patriciens, ou le condamnaient ouvertement. Cette « terreur » évoquée par Léon Halévy correspond à une vision courante de la tyrannie vénitienne qu’évoquaient les pièces de théâtre, les opéras et les livres d’histoire, suggérant de manière métaphorique à des abus de pouvoir plus familiers au lecteur ou spectateur d’alors.
Livre-disque Fromental Halévy. La Reine de Chypre (2018). Traduction : Olivia Cooper Hadjian.
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Fromental Halévy. La Reine de Chypre
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date de publication : 09/01/24