La Vie parisienne : la musique de la première version

L’établissement d’une nouvelle édition de La Vie parisienne soulève immanquablement des interrogations quant à l’objet ainsi restauré et figé. Jamais créée sous cette forme, elle ne repose pas sur un document unique – tel un manuscrit autographe – qui en établirait définitivement l’autorité ou l’accord du compositeur pour son exécution. Le risque est donc grand de paraître aller à l’encontre de la volonté d’un artiste qui a d’ailleurs retouché, à de nombreuses reprises, différents passages de la partition au cours des années suivantes. Cette critique légitime s’inscrirait dans un mouvement de fond qui, depuis la fin du XIX^e siècle, tend à donner au compositeur d’une oeuvre lyrique la première place au rang des auteurs et le dernier mot en termes d’arbitrage. Aujourd’hui, face à la reprise d’un opéra ancien, on s’offusquerait aisément de coupes franches ou même de modifications dans des passages musicaux, quand on ferait peu de cas d’une réécriture des dialogues ou de l’usage de décors allant à l’encontre du livret. Les auteurs de ce dernier n’auraient-ils pas le droit, eux aussi, au même respect ?