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L’Œil crevé d’Hervé

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Date de publication :

Folies-Dramatiques

L’Œil crevé a réussi pour la musique. C’est de l’Offenbach non venu à terme. Quelques motifs agréables ont été applaudis.

Quant au libretto, il est insensé, idiot. C’est, en un mot, une platitude, qui a servi de prétexte à la musique de M. Hervé. Il eut mieux fait de mettre la grammaire de Lhomond ou opérette ; il y eut […] une idée, peut-être ; au moins il n’avait aucun prétexte pour ne pas l’écrire en français.

Mademoiselle Berthal y a été fort médiocre. Son étoile, car on lui en fait une petite, son étoile, dis-je, filera un de ces soir, avant le solstice, d’hiver.

Mademoiselle Baron a un joli bras, un sourire minaudier et de la poudre de riz à faire fuir Cora Pearl ; mais de talent, point.

Tous les honneurs ont été pour Millier.

À propos de cette rapsodie, notre confrère Émile Hémery, de la petite presse, bon juge en cette matière, s’exprime ainsi :

« Un Compositeur-toqué, M. Hervé, a fait représenter, sous le titre de l’Œil crevé, une extravagance en trois actes, dont il a fait à lui tout seul les paroles et la musique. Pour un peu, il l’aurait jouée lui-même, car M. Hervé est tout à la fois compositeur, librettiste et comédien. De ces trois têtes dans le même bonnet la mieux organisée est certainement la première : l’Œil crevé nous l’a bien prouvé.

La musique est un petit chef-d’œuvre de verve et de gaîté Le poëme (en langage technique, cela s’appelle un poëme) est un chef-d’œuvre d’idiotisme, et l’on se demande, en écoutant ces extravagances écloses dans un cabanon de Charenton, lequel est le plus voisin du crétinisme : de l’auteur qui les a trouvées, du directeur qui les édite ou du public qui les applaudit.

Deux acteurs à distinguer dans le tas, ils s’appellent Miller et Chaudesaigues. Le reste.... ne vaut pas l’honneur d’être nommé.

Notre confrère Badoche, du Courrier français, est de l’avis des gens sensés en matière d’art. 

M. Hervé prétend être le créateur du genre dans lequel M Offenbach excelle.

Les premières opérettes dont on ait gardé le souvenir étaient en effet de M. Hervé. Elles furent représentées aux Folies-Nouvelles ou Folies-Mayer. Maintenant que le droit est reconnu, disons sans détour à M. Hervé que je n’ai aucune admiration pour le genre dont il revendique la priorité, comme dirait M. Joseph Prudhomme : il eût été préférable qu’il n’eût rien inventé du tout, et qu’il se fût contenté de marcher sur les traces de Rossini, Meyerbeer et Auber ! Le libretto de l’Œil crevé a dû être adressé à M. Hervé par un des pensionnaires de Charenton ou de Bicêtre.

Sur ces paroles incohérentes, folles, M. Hervé a gagé de composer de la musique, et il a écrit une partition facile, gracieuse, grotesque et charmante à la fois.

Nous avons noté au premier acte l’air de Dindonnette, – mademoiselle Berthall, – « Je n’ai plus qu’à mourir-rir, » dans la coupe offenbachique ; un chœur, déjà entendu dans l’ouverture la fin du duo de Marcel et de mademoiselle Berthall, et la légende de la Langouste atmosphérique (??).

Au deuxième acte, il faut signaler une valse, chantée par mademoiselle Baron ; le duo de la Polonaise et de l’Hirondelle, un vrai bijou ; et le finale qui rentre dans le genre cancan, si goûté maintenant, — ces deux derniers morceaux bissés.

Au troisième acte, l’air du gendarme Millier, et celui de mademoiselle Baron : Vlan dans l’œil, qui ont tous deux été redemandés. 

Mademoiselle Baron a fait d’immenses progrès, elle chante fort gentiment, mais elle engraisse trop. Mademoiselle Berthall est une véritable actrice, sa voix est agréable.

Comment la censure a-t-elle pu permettre les bottes au gendarme Millier ? En vérité, je ne la reconnais plus. L’excellent acteur les porte admirablement et amuse beaucoup. Il est malheureux que le ténor chante si faux.

En somme, c’est une bonne pièce au point de vue des intérêts de la direction, – qui se... soucie pas mal des autres ! 

Commerson

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Compositeur, Organiste, Ténor, Directeur de théâtre

HERVÉ

(1825 - 1892)

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HERVÉ

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date de publication : 15/09/23