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Grande Ouverture des Francs-Juges op. 3

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En 1826, alors qu’il était encore élève au Conservatoire, Berlioz amorça l’opéra Les Francs-Juges, sur un livret de son ami Humbert Ferrand. S’il abandonna cet ambitieux projet, il reprit une partie de son matériau dans plusieurs œuvres, dont la Symphonie fantastique et la Grande Symphonie funèbre et triomphale. Il conserva surtout son ouverture, créée le 26 mai 1828 lors du premier concert où l’on entendit sa musique symphonique, dans un programme entièrement consacré à ses œuvres. Au moment où il composa cette page orchestrale, il connaissait Le Freischütz de Weber, mais pas encore les symphonies de Beethoven, qu’il découvrit à partir de mars 1828. C’est dire l’originalité de sa Grande Ouverture des Francs-Juges et de ses combinaisons instrumentales. Le jeune musicien écrivit à son père, au lendemain de la création : « Je me suis avisé, pour peindre la terrible puissance des Francs-Juges et leur sombre fanatisme, de faire exécuter un chant d’une expression grandement féroce, par tous les instruments de cuivre réunis en octaves. Ordinairement, les compositeurs n’emploient ces instruments que pour renforcer l’expression des masses ; mais en donnant aux trombones une mélodie caractérisée exécutée par eux seuls, le reste de l’orchestre frémissant au-dessous, il en est résulté l’effet monstrueux et nouveau qui a si fort étonné les artistes. » L’ouverture, assez sombre et tourmentée, comprend un thème contrastant, en mode majeur, agile et enjoué : exposé par les violons, il provient en fait d’un quintette de 1818-1819. Comme souvent chez Berlioz, le souvenir s’avère le socle indispensable de la création, en dépit de la fougue d’une apparente spontanéité. À noter qu’une première version employant deux ophicléides dans des tons différents fut sagement ramenée à une orchestration avec un seul de ces instruments. Déclarée perdue, l’édition de la version primitive a été redécouverte en 2009 au conservatoire de Genève lors d’un inventaire réalisé en collaboration avec le Palazzetto Bru Zane.