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Moïse au mont Sinaï

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Oratorio créé à l’Académie royale de musique (salle Le Peletier) le 21 mars 1846 et remanié pour une seconde audition au Conservatoire de Paris le 12 décembre 1847.

« Le Désert, c’était la grâce ; Moïse, c’est la force » (Théophile Gautier)

L’extraordinaire succès du Désert a propulsé Félicien David sur le devant de la scène musicale française. Au début de l’année 1846, la nouvelle œuvre du compositeur saint-simonien est donc attendue avec une certaine impatience. David va-t-il encore séduire le public et confirmer sa notoriété ? « Les paris sont ouverts » signale le journal Le Ménestrel à la veille de la création de Moïse au mont Sinaï. Plutôt que d’écrire une nouvelle ode-symphonie, David se tourne vers l’oratorio avec un sujet qui lui a été suggéré par Prosper Enfantin (1796-1864), l’un des chefs de file du mouvement saint-simonien. Alors qu’il réside en Allemagne, David aborde l’écriture de cette œuvre d’une manière peu conventionnelle. Sylvain Saint-Étienne, chargé de rédiger les textes chantés, écrit en effet au Père Enfantin quelques mois avant la première représentation : « David a composé presque tout sans paroles, il y a des rythmes, sans coupe régulière, et il faut être plutôt musicien que poète pour y accoler des paroles. » Pour David, c’est le texte qui doit s’adapter aux notes et non l’inverse. Cette conception avant-gardiste prend cependant à contre-pied les attentes du public de l’Académie royale de musique où la première version de Moïse au mont Sinaï est créée. L’échecest aussi retentissant que l’avait été le succès du Désert. Au sein d’une presse quasiment unanime pour condamner la nouvelle production, Théophile Gautier sort pourtant du rang pour en louer sa force : « Le chœur final, où le peuple salue la terre promise, s’épanouit radieux, étincelant, immense, comme un feu d’artifice sonore dont les fusées éclatent en pluie de diamants dans un ciel d’or. » Le verbe de Gautier ne parvient cependant pas à sauver Moïsequi disparaît aussitôt du répertoire de l’Opéra. Néanmoins, Félicien David n’en restera pas là. Le succès que connaît Christophe Colomb, nouvelle ode-symphonie créée au Conservatoire en mars 1847 et reprise à l’Opéra-Comique en avril et en mai, remplit le rôle qui était d’abord dévolu à l’audition de Moïse : elle confirme le talent du compositeur et lui fait regagner les grâces du grand public. Dans un contexte plus apaisé, David peut alors refaire entendre son oratorio à Paris, dans une version remaniée et allongée d’une magistrale « scène de la révolte ».Cette deuxième audition a lieu au Conservatoire le 14 décembre 1847 et permet à la presse parisienne de faire amende honorable en revenant sur le jugement sévère qu’elle avait initialement porté sur l’œuvre. Le Ménestrel du 19 décembre signale par exemple : « La romance de la jeune Israélite est un chef d’œuvre de grâce et de douce mélancolie. […] L’air de Moïse est plein de grandeur et de majesté. […] C’est donc une nouvelle victoire remportée par Félicien David. »