Aphrodite

Louis de Gramont tire son scénario du roman éponyme de Pierre Louÿs. À Alexandrie, la courtisane Chrysis s’éprend du sculpteur Démétrios. Objet d’un véritable culte des femmes de la cité qu’il repousse sans cesse, Démétrios est séduit par la résistance qu’oppose Chrysis. Celle-ci ne cédera à son amour que s’il dérobe pour elle trois objets qu’elle convoite : le miroir d’argent de Bacchis, le peigne d’ivoire de Touni et le collier de perles d’Aphrodite. Quand Démétrios a accompli ses forfaits, Chrysis comprend qu’elle est aimée, mais celui-ci rejette finalement celle qui l’a poussé à se compromettre. Si elle veut gagner l’amour de Démétrios, Chrysis doit à son tour tenir un serment et se montrer publiquement parée des trois objets. Chrysis tient promesse et se voit aussitôt arrêtée. Condamnée à boire la ciguë, elle meurt sous les yeux de Démétrios qui maudit Aphrodite de faire perdre toute raison aux hommes. Lors de la création, Erlanger est taxé d’avoir trop cherché à démontrer sa science musicale, alourdissant malgré lui la clarté du drame. Pourtant, l’usage de motifs conducteurs, tantôt mis au service de l’évolution dramatique tantôt purement expressifs, participe nettement de la réussite de l’ensemble. La partition parvient ainsi à traiter l’action théâtrale tout en suggérant un autre niveau d’écoute proprement poétique. L’audace harmonique et la richesse de l’orchestration confirment l’ambition du compositeur, notamment dans le grand duo exalté du IV^e acte, ou les réminiscences lointaines de l’ultime tableau nocturne. Créée le 27 mars 1906 dans une mise en scène luxuriante d’Albert Carré, Aphrodite rencontre un vif succès populaire poussant Erlanger à renouer avec l’antique trois ans plus tard dans Bacchus triomphant.