Fervaal

Après la création d’Attendez-moi sous l’orme, opéra-comique en un acte passé inaperçu, Fervaal marque véritablement les débuts au théâtre de d’Indy. Comme Wagner, qu’il admire, d’Indy signe lui-même son livret, qu’il tire d’Axel du suédois Esaias Tegnér. Le scénario initial est transposé du temps des druides dans les montagnes cévenoles, chères à d’Indy. Au cœur des affrontements entre Celtes et Sarrasins, Fervaal, héros chaste et pur porte une mission sacrée. Sa rencontre avec la Sarrasine Guilhen, compromet sa mission autant que ses vœux de chasteté. La richesse du livret – parcouru d’éléments à la fois historiques, légendaires, païens, chrétiens, d’inspiration scandinave et de transposition nationale – explique la longue genèse de l’œuvre, débutée en 1889 et achevée en 1897. Dans son goût pour le gigantisme, la place importante faîte aux cuivres et l’usage de nombreux leitmotive, la partition emprunte évidemment au génie de Bayreuth, dont d’Indy fréquente fidèlement le Festival depuis ses débuts en 1876. Pourtant, dans la technique orchestrale (rappelant Berlioz), la splendeur des scènes de foule (rappelant Meyerbeer), comme dans la délicatesse de certaines harmonies, la partition demeure bien française. L’usage occasionnel de la gamme par ton, du style grégorien ou d’épisodes purement chromatiques confirment la science du compositeur, toujours mise au service du drame. Fondues dans une trame musicale continue, les interventions des quelques vingt-six solistes alternent déclamation et chant, exigeant du rôle-titre une brillance et un héroïsme à la limite de l’inchantable. Cela explique certainement que l’œuvre – après sa création à Bruxelles, sa création française en 1898 à l’Opéra-Comique et sa reprise en 1912 à l’Opéra – ne soit plus jamais montée sur scène, excepté une version de concert en juillet 2019 au Festival Radio France.