Séance annuelle et distribution des prix de l'Académie des Beaux-arts

ACADEMIE DES BEAUX-ARTS. SEANCE ANNUELLE ET DISTRIBUTION DES PRIX.

Les cinq Académies réunies ont tenu samedi dernier, au palais de l’Institut, leur séance annuelle publique. Rarement on a vu les fauteuils de MM. les académiciens si bien garnis. La foule, comme d’habitude, se pressait compacte et brillante dans la salle ordinaire des séances. C’est par une ouverture de M. Delehelle, grand prix de 1851, élève de M. Adam et de feu M. Zimmerman, que la séance a commencé. Cette œuvre instrumentale, écrite avec simplicité, n’est pas conçue dans des proportions grandioses. Elle appartient au genre de l’opéra comique et se distingue par des chants naturels qui ne sont jamais surchargés d’une orchestration bruyante et compliquée. Elle débute par une fraîche mélodie dite par les cors sur une tenue de contrebasse ; puis cette mélodie reparaît après un allegro brillant, et ce travail symphonique est couronné par une coda vive, qui accuse un musicien en possession de tous les secrets de son art.

Après la notice de M. Halévy, qui a été vivement applaudie, on a exécuté la cantate couronnée, dont la musique est de M. Conte, la poésie de M. Camille de Locle, et qui a pour titre : Acis et Galathée. Les soli ont été chantés par M^lle Rey, de l’Opéra Comique, MM. Boulo et Merly, de l’Opéra. L’orchestre était dirigé par M. Battu. A vrai dire, l’œuvre couronnée nous a paru faible ; les idées y sont trop délayées, et on n’y trouve pas de ces éclairs mélodiques et de ces brillants effets d’orchestre qui décèlent un artiste de génie. Tout cela est correct, bien écrit, grammaticalement parlant, voilà tout. M. Conte, il faut l’espérer, saura justifier dans l’avenir, par des productions plus fortes, plus sérieuses, la bienveillance avec laquelle l’Académie a jugé sa première composition. 

ESCUDIER.