Adrien
L’opéra d’Adrien, annoncé depuis longtemps, vient enfin d’être présenté ; et le succès le plus brillant a justifié tout ce qu’on avait dit d’avance de cet ouvrage.
De tous les historiens qui ont traité la vie des empereurs, Spartien est le seul qui ait donné quelques détails sur celle d’Adrien, dont il était contemporain, encore sont-ils très imparfaits. On n’y trouve que le trait suivant digne d’être remarqué : Adrien déjà désigné César ayant été chargé de conduire les troupes romaines contre les Parthes remporta nombre de victoires sur eux et fit prisonnière la fille d’Osroès ou Cosroès leur roi. Quelques années après, la mort de Trajan mit l’empire entre les mains d’Adrien, qui pour cimenter la paix avec les Parthes et assurer davantage la tranquillité des provinces d’Asie, brisa les fers de la fille de Cosroès et la renvoya à ce prince.
Tel est le sujet qui a servi de fond à l’opéra d’Adrien du célèbre Métastase dont le plan a été fidèlement suivi par le citoyen Hoffman. On peut dire que l’auteur italien avait été obligé de tout créer. Dans le poème français qui ne diffère de celui de Métastase que par la suppression d’un rôle très défectueux, et l’arrivée de Sabine placée au premier acte dans Métastase et au second dans l’opéra nouveau. Le sujet offre le développement suivant : Adrien, vainqueur des Parthes, reçoit à Antioche capitale de la Syrie les honneurs du triomphe. Il est épris des charmes d’Emirene sa captive, fille de Cosroès : il a fait également prisonnier Pharnaspe amant d’Emirene, et Cosroès sous les habits d’un simple soldat s’est mêlé parmi ceux qui composent la suite de Pharnaspe et a suivi sa famille dans le camp d’Adrien. Celui-ci offre sa main et promet l’Empire à Emirene, qui lui déclare l’amour qu’elle a pour Pharnaspe. Cosroès arme en secret contre Adrien : un combat s’engage ; les Parthes sont vaincus.
Cependant Sabine qu’Adrien doit épouser, Sabine, fille de Trajan, aborde en Syrie, la joie qu’elle a de recevoir César se convertit en une fureur jalouse, lorsqu’elle le sait épris d’Emirene. Cette captive lui révèle l’amour qui l’unit à Pharnaspe ; Sabine offre de protéger leur fuite jusque dans leur patrie ; elle désigne à Pharnaspe le chemin qu’il doit prendre. Cependant, Cosroès introduit sous les murs d’Antioche un parti déguisé en soldats romains ; ses coups mal dirigés n’ont porté que sur celui qui accompagnait Adrien, et Pharnaspe arrêté dans sa fuite, est pris pour le meurtrier : mais Ermirene a vu le coupable se cacher, elle indique sa retraite pour éviter à son amant la mort à laquelle il est destiné. Le coupable paraît, c’est son père. Enfin au moment de sévir, Adrien reprend un empire glorieux sur lui-même, unit Emirene à Pharnaspe, les renvoie libres ainsi que Cosroès, et fait préparer son hymen avec Sabine.
Combien nous regrettons que le défaut d’espace nous oblige à remettre à un prochain numéro des détails raisonnés sur la musique qui fait le plus grand honneur au citoyen Méhul, sur la beauté de l’exécution de l’orchestre, sur celle également parfaite des chœurs, des danses et des combats, enfin sur la richesse et le goût des décorations.
Le citoyen Méhul a dédié cet excellent ouvrage au citoyen Rey, directeur de l’orchestre. On ne saurait dire lequel en retire le plus d’honneur.
Les auteurs ont été vivement demandés, les citoyens Méhul et Gardel ont paru au milieu des plus nombreux applaudissements.
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date de publication : 16/10/23