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En blanc et noir

Compositeur(s) / Compositrice(s) :
Date :
Formation musicale :
Instrument(s) :

Pour deux pianos.

1. Avec emportement – 2. Lent. Sombre – 3. Scherzando

C’est au bord de la mer que Debussy achève En blanc et noir, créé à Paris le 22 janvier 1916, à l’hôtel de la princesse de Polignac, par Walter Rummel et Thérèse Chaigneau-Rummel. Au mois de juillet 1915, il s’était installé à Pourville afin d’échapper au climat oppressant de la capitale. Déjà atteint du cancer qui allait l’emporter, il transpose dans la deuxième pièce ses peurs, son horreur de la guerre et l’espoir d’une victoire française. Au terme d’une stupéfiante bataille musicale, une mélodie claire et innocente, symbole de l’esprit français, triomphe du choral de Luther Ein’ feste Burg. À l’origine, la partition devait s’intituler Caprices en blanc et noir, en référence aux gravures de Goya qui se partagent entre satires sociales et visions fantastiques. Dans une lettre à Robert Godet, Debussy suggère une autre correspondance picturale : « Ces morceaux veulent tirer leur couleur, leur émotion, du simple piano ! – tels les “gris” de Vélasquez. » Par ailleurs, il place une épigraphe au début de chaque pièce. Pour la première : « Qui reste à sa place/ Et ne danse pas/ De quelque disgrâce/ Fait l’aveu tout bas. » Les quatre vers, empruntés à l’opéra de Gounod Roméo et Juliette, évoquent la maladie de Debussy. Pour le deuxième morceau, le musicien a choisi la dernière strophe de la Ballade contre les ennemis de la France de François Villon ; pour le troisième, « Yver, vous n’estes qu’un villain », titre de la troisième de ses Chansons de Charles d’Orléans (1898). Non descriptives, les associations visuelles et poétiques visent à stimuler l’imagination de l’auditeur. En blanc et noir témoigne en outre de l’évolution stylistique du compositeur qui, par son harmonie, son rythme d’une prodigieuse mobilité et son discours toujours plus imprévisible, continue de s’aventurer sur des chemins alors inexplorés.