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Hulda de C. Franck

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Premières auditions

Théâtre de Monte-Carlo. — Hulda, opéra en quatre actes et un épilogue, poème de M. Charles Grandmougin, musique de César Franck. […]

Il serait excessif d’intituler « représentation » la séance consacrée par l’imprésario Gunsbourg à l’opéra posthume de César Franck, cette Hulda que le maître regretté (et, d’ailleurs, si méconnu de son vivant par ceux-là mêmes qui en parlent aujourd’hui avec le plus attendrissant enthousiasme), considérait comme son œuvre maîtresse. Le théâtre du Casino de Monte Carlo ne dispose pas de grandes ressources : la place est mesurée et l’illusion est médiocre. La « première » de Hulda n’a guère été qu’une audition. Du moins a-t-elle produit un effet assez puissant pour qu’il soit question dès à présent de monter l’ouvrage à Paris, sur la scène de l’Opéra. On peut même dire que cette décision s’imposerait si le livret était d’une moins banale uniformité dans l’horreur tragique.

Il paraît que M. Charles Grandmougin, parolier très expert en fait de rimes à mettre en musique, a cru devoir emprunter un sujet au Norvégien Bjœrnstjerne Bjœrson. Je ne le félicite pas de son choix. L’histoire de Hulda, de son mari et de son amant est monotone comme une tragédie de Crébillon. La scène se passe en Norvège, au onzième siècle. Premier acte : le père de Hulda, le chef du clan Hastawick, est tué par les Aslaks, tribu de pillards, et Hulda réduite en esclavage. Deuxième acte : le héros Aslak, Gudleik, veut épouser Hulda, malgré sa famille (sic), mais Hulda ne l’aime pas et le fait tuer par le chevalier Eiolf, mari de la belle Swanhilde. Troisième acte : épanchements adultères d’Hulda et d’Eiolf. Quatrième acte : retour du printemps, symbolisé par un ballet allégorique, réveil de la tendresse d’Eiolf pour sa femme Swanhilde, fureur de Hulda qui fait assassiner Eiolf et suicide de la veuve de Gudleik.

Il a fallu toute la science de César Franck, et, disons-le aussi, toute son inspiration dramatique, pour tirer parti de ce poème insipide. Mais l’effort a été si considérable et si heureux que Hulda, allégé des deux rôles tout à fait superflus de Thordis et de Gunnard, pouvait s’inscrire au répertoire de notre Académie de musique, malgré le poids mort du livret. Si le premier acte n’est qu’un développement symphonique sur lequel se détache la lamento d’Hulda et de sa mère attendant le retour d’Hastawick, le drame musical s’engage au deuxième tableau avec la chanson de l’Hermine, la romance d’Hulda, les deux duos d’Eiolf et le pas de l’Épée. Les effusions amoureuses du troisième acte rappellent les plus belles inspirations wagnériennes. Signalons enfin, au quatrième acte, la marche et le chœur, et surtout le ballet allégorique — la lutte de l’Hiver et du Printemps, couronné par la fuite des frimas — qui est la perle de la partition.

César Franck a prodigué dans ce ballet avec chœurs, toutes les richesses d’une invention symphonique inépuisable et d’une merveilleuse orchestration. Il en a fait une œuvre à part, très facile à détacher de l’ensemble, et si l’insuffisance du livret empêchait la direction de l’Opéra de nous donner une Hulda, dans son intégralité, le ballet de l’Hiver et du Printemps pourrait du moins prendre place au premier rang du répertoire symphonico-chorégraphique. Il y a là un triomphe assuré pour Mlle Mauri. C’est la Zucchi qui a tenu le rôle à Monte-Carlo avec un succès considérable. Dans la troupe de chant, les solistes les plus applaudis ont été Mme Deschamps-Jehin qui interprétait le rôle écrasant de Hulda et M. Saléza (Eiolf). Voilà une distribution tout indiquée au cas où l’œuvre reviendrait à Paris dans un délai rapproché. […]

Marcello.

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Compositeur, Organiste, Pianiste

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(1822 - 1890)

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Charles GRANDMOUGIN

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date de publication : 18/09/23