Suite en forme de valses

Comme la majorité des suites de Mel Bonis, la Suite en forme de valses existe en plusieurs versions, toutes composées en 1898. Il ne s’agit pas d’une simple déclinaison pour divers effectifs, ce dont témoigne en premier lieu l’organisation des mouvements. Les versions pour orchestre et pour piano seul (cette dernière mentionnée comme « réduction » de la partition symphonique lors de sa publication) contiennent les quatre mêmes pièces. La version pour piano à quatre mains ne peut être considérée comme une simple transcription de l’orchestre, puisqu’elle comprend cinq mouvements. Ici, une Bacchanale (absente des autres versions) s’enchaîne à l’Interlude, déplacé et modifié : tronqué, il sert de lever de rideau à la dernière danse, conclusion plus vive et brillante que le Scherzo-Valse de l’orchestre et du piano seul. En outre, les trois moutures diffèrent légèrement par leurs tonalités. La Suite en forme de valses peut se percevoir comme une vision romantisée de l’ancienne suite baroque. Si Mel Bonis unifie sa partition par la mesure à trois temps et la référence à un seul type de danse, elle traite toutefois la valse de façon à donner une sensation de diversité. D’ailleurs, la Danse sacrée ne ressemble guère à une valse (elle évoque plutôt une procession), le Scherzo-Valse non plus, à l’exception de sa partie centrale. Si la Suite en forme de valses se rattache à la musique « du foyer », accessible techniquement aux pianistes de bonne volonté, la compositrice affiche également de nouvelles ambitions, puisqu’elle se confronte ici à l’orchestre pour la première fois.