Quatuor avec piano en ré mineur op. 15
1. Lentement. Allegro ben moderato – 2. Scherzo : Allegro spirituoso – 3. Adagio – 4. Finale : Allegro energico
En 1897, Tournemire entame la composition de son Quatuor avec piano, l’une de ses premières œuvres de chambre. Il l’achève en 1898, année de sa nomination à la tribune de la basilique Sainte-Clotilde. L’œuvre est créée en avril 1899 à la salle Pleyel, par Lucien Durosoir au violon (élève de Tournemire qui lui a donné des cours d’écriture), Pierre Monteux à l’alto, Fritz Schneklüd au violoncelle et le compositeur au piano. Tournemire dédie sa partition (éditée chez Albert Noël en 1905) au chef d’orchestre et violoniste André Tracol, professeur de Lucien Durosoir. Il livre là une œuvre ambitieuse, où il respecte les canons traditionnels : quatre mouvements dont le premier et le dernier adoptent la forme sonate, un scherzo avec trio central, un mouvement lent intériorisé. Son quatuor n’en porte pas moins une empreinte personnelle, peut-être influencée par l’orgue. On songera notamment à l’opulence des textures (abondance de doubles cordes, de flots d’arpèges et d’octaves au piano), à la superposition de strates différenciées par leur matériau et leur écriture, aux superpositions polyrythmiques. Mais les combinaisons instrumentales sont aérées par des staccatos et pizzicatos dans le Scherzo, léger et transparent. Des touches populaires (quintes à vide à la basse) détendent ce mouvement, ainsi que le vigoureux finale, riche en syncopes et accents déplacés. Tournemire se distingue aussi par sa conception du principe cyclique, qui doit moins à Franck qu’à Wagner : la façon dont il métamorphose son motif unificateur, contenu dans le solo d’alto des toutes premières mesures de l’œuvre, rappelle la plasticité et le traitement des leitmotive.
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date de publication : 25/09/23
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