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Sillages op. 27

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Sur le rivage – Socorry – Dans la nuit

Chef-d’œuvre pour piano de Louis Aubert, Sillages mérite d’être comparé aux grandes pièces de Debussy et Ravel. Composé entre 1908 et 1913, ce triptyque d’une écriture particulièrement ouvragée sur les plans pianistique et harmonique, est une œuvre sensible et ardente. La première pièce, Sur le rivage, offre une vision sombre et mystérieuse de l’océan ; elle est formée de grands arpèges dont émerge un chant, de violents éclats d’accords faisant contraste. Le deuxième morceau est intitulé Soccory, du nom de la chapelle du village d’Urrugne, dans le Pays Basque, auquel Louis Aubert était très attaché (comme Ravel). Le vers qu’il porte en exergue : « Vulnerant omnes, ultima necat » (« Les heures blessent toutes, la dernière tue »), se trouvait sur le cadran solaire de cette chapelle. Ainsi placée sous le signe du temps qui passe et menace, la partition crée une atmosphère trouble au moyen de sonorités de cloches, de sons lointains et de mélopées étranges, au sein d’une harmonie élaborée. Surgit alors le rythme d’une habanera, qui se fond dans ce climat presque délétère. La pièce se referme sur un glas « d’une expression profonde et douloureuse », comme l’indique Aubert dans la partition. Enfin, Dans la nuit est un morceau halluciné, insaisissable, usant d’une écriture rapide et étincelante. Il fait ressurgir le thème de Sur le rivage et la habanera de Soccory, affirmant pour conclure la nature cyclique et organique des Sillages. Dédiée à l’éditeur Jacques Durand, qui la publia, la partition fut créée par Lucien Wursmer le 19 février 1913, salle Érard.