L'Opéra et les grands-prix du Conservatoire

L’OPÉRA ET LES GRANDS-PRIX DU CONSERVATOIRE.

Une nouveauté va signaler l’intelligence de la direction de l’Opéra, en même temps que l’intérêt qu’elle porte aux jeunes compositeurs. La scène musicale qui a remporté le grand-prix cette année au Conservatoire et dont M. Bazin est l’auteur, sera exécutée, mercredi ou vendredi prochain, par le théâtre de l’Opéra. Sous le titre de Loyse de Montfort ou celui d’Une nuit de la Ligue, cette scène précédera le ballet du Diable boiteux, et formera un spectacle des plus attrayans. M. Emile Deschamps en a écrit les paroles. Trois personnages seulement y figurent. Ils seront représentés par Marié, Dérivis et M^me Stolz. Cette idée est heureuse ; espérons qu’elle sera adoptée et renouvelée chaque année. Notre premier théâtre lyrique doit, en effet, cette faveur au lauréat, lorsque sa composition annonce un mérite supérieur, car après l’audition traditionnelle à l’Institut, il n’y a plus rien à espérer pour le jeune musicien, qui se perd aussitôt dans les rangs de la médiocrité, et qui, faute d’un théâtre va ensevelir son génie chez Musard. Gloire à l’Opéra, honneur à M. Léon Pilet qui prend généreusement l’initiative, et que le public l’en récompense ! Hier, l’Institut a exécuté publiquement Loyse de Montfort. C’était sans doute intéressant ; mais à l’Opéra, les développemens seront bien autres, le dramatique de cette scène ressortira bien mieux, et l’illusion que demandent le poète et le musicien sera d’obtention bien plus facile ! Ajoutons qu’à l’Opéra, un trio et un air, qu’on a été obligé de supprimer dans le palais des Immortels, seront rétablis et complèteront l’ensemble de ce morceau, qui pourra tenir lieu d’une pièce entière.