La Basoche

Messager se relève tout juste de l’échec de son opérette Le Mari de la Reine, créée aux Bouffes-Parisiens en 1889, quand il débute la composition de La Basoche. Le succès d’Isoline (1888) n’a pas suffit à asseoir sa carrière de compositeur et c’est comme chef d’orchestre qu’il fréquente les théâtres parisiens. Albert Carré, alors directeur du Théâtre du Vaudeville, signe le livret de son nouvel ouvrage. Ainsi débute une étroite collaboration qui, huit ans plus tard, mène les deux hommes à la tête de l’Opéra-Comique. La Basoche est une corporation d’étudiants, clercs du parlement qui, chaque année, élit son nouveau roi. Comme le règlement l’indique, ce roi doit être célibataire sous peine de déchéance. Si bien que le nouvel élu, Clément Marot, dissimule sa femme comme servante à l’auberge du Plat-d’Étain où la jeune épouse de Louis XII attend de rencontrer son mari. Tandis que les deux femmes prennent Clément pour le roi Louis XII, toute une série de quiproquos se met en marche. Ici, l’amusement l’emporte sur toute idée de vraisemblance et le livret, fort bien troussé, obtient l’adhésion du public. Messager signe une partition vive et dense, où s’enchainent les pages à succès comme la pastourelle de Colette, les couplets de Marot (« À ton amour j’ai préféré cette chimère ») ou encore l’air bouffe du duc de Longueville qui valut un triomphe à Fugère le soir de la création. Pourtant metteur en scène, Carré laisse à Paravey, directeur de l’Opéra-Comique, le soin de monter l’ouvrage. La Basoche remporte un éclatant succès et tient l’affiche durant 80 représentations, avant d’être reprise salle Favart lors de la direction de Carré et sous la baguette de Messager.