Benvenuto Cellini

Publiée pour la première fois en 1728, la Vita de Benvenuto Cellini captiva l’Europe romantique : héros des temps modernes, l’orfèvre florentin incarnait la liberté créatrice et sa supériorité sur la loi. Mais quand Berlioz en fait le sujet de son premier opéra, composé en 1836-1837 sur un livret de Léon de Wailly et Auguste Barbier (avec la collaboration d’Alfred de Vigny), il déplace l’action à Rome, remplace Côme de Médicis (véritable commanditaire de la statue de Persée) par le pape Clément VII puis, pour répondre aux exigences de la censure, par le cardinal Salviati (la présence du souverain pontife sur scène n’était pas admissible). À l’origine, il avait envisagé un opéra-comique. Le théâtre pressenti l’ayant refusé, il se tourne vers l’Opéra de Paris, qui crée Benvenuto Cellini le 10 septembre 1838. Ce fut une « chute éclatante », en convint Berlioz. Durant les répétitions, déjà, il avait dû apporter des modifications hâtives. Il révisa de nouveau sa partition pour les représentations dirigées par Liszt à Weimar en novembre 1852. À Paris, la virtuosité rythmique et l’alacrité de certaines scènes avaient posé de sérieuses difficultés (Gilbert Duprez, créateur du rôle-titre, se retira après la troisième représentation, entraînant l’annulation des dates suivantes), et l’exécution souffrit sans doute de fâcheuses approximations. D’autres facteurs avaient aussi dérouté le public, notamment le mélange de comique et de sérieux, de tableaux spectaculaires relevant du grand opéra (le carnaval, la fonte de la statue) et de scènes légères (voire burlesques) dans l’esprit d’un opéra-comique. Un alliage détonant, sans équivalent sur les scènes lyriques de l’époque.