Poème de l’amour et de la mer op. 19
I. La Fleur des eaux : « L’air est plein d’une odeur exquise de lilas » – « Et mon cœur s’est levé par ce matin d’été » – « Quel son lamentable et sauvage »
Interlude
II. La Mort de l’amour : « Bientôt l’île bleue et joyeuse » – « Le vent roulait les feuilles mortes » – « Le temps des lilas »
Cycle de mélodies, cantate profane, ample monologue ? Le Poème de l’amour et de la mer échappe aux classifications. Chausson le composa entre 1882 et 1890 environ, sur six poèmes de son ami Maurice Bouchor. Il le mit de côté pendant son travail sur Le Roi Arthus, et le révisa en 1893. Il avait publié séparément Le Temps des lilas en 1886, raison pour laquelle cette mélodie est souvent chantée isolément. Lors de la création avec piano, Chausson accompagnait le ténor Désiré Desmet, le 21 février 1893 à Bruxelles. La version avec orchestre fut entendue pour la première fois à Paris, le 8 avril, interprétée par Éléonore Blanc sous la direction de Gabriel Marie. Envoûtant et singulier, sans véritable modèle, le Poème de l’amour et de la mer est constitué de deux grands panneaux (La Fleur des eaux et La Mort de l’amour) reliés par un interlude. Chacun des panneaux comprend trois sections (toutes sur un poème différent), elles-mêmes raccordées par un morceau instrumental dont émerge, avec des contours plus ou moins précis selon les occurrences, le principal thème de l’œuvre : une mélodie douloureuse et mélancolique qui se dévoile réellement dans l’Interlude séparant les deux grandes parties vocales. Elle reparaît dans « Le temps des lilas » et confirme alors les pressentiments éveillés par les épisodes instrumentaux antérieurs. Si La Mort de l’amour commence dans la clarté, comme La Fleur des eaux, elle s’assombrit plus vite (« Le vent roulait les feuilles mortes » scande une marche funèbre). Nadir accablé, « Le temps des lilas » confie qu’aucun printemps ne succèdera à l’automne mortifère.
Permalien
date de publication : 06/09/23
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