Quatuor à cordes n^o 2 en la majeur

Maintes esquisses témoignent de l’attirance régulière de Gounod pour l’épure du quatuor. Les seuls achevés et connus ont été écrits entre les années 1870 et 1892 pour éprouver les vertus de cette clarté qu’il recommandait aux jeunes compositeurs au rebours de la tendance dominante. Le matériel de celui-ci, hypothétiquement créé à la Société nationale de musique le 19 mars 1887 par le quatuor Marsick, a reparu en 1993 et le manuscrit en 2016. La mention autographe Deuxième Quatuor confirme qu’un autre (le Petit Quatuor ?) l’a précédé. Abruptes, les mesures initiales de l’Allegro moderato semblent rappeler qu’un quatuor à cordes est une affaire sérieuse. Le climat plutôt avenant de la suite relativisera cette affirmation. Masquant la forme sonate, un trait rageur de cinq notes descendantes, présent dans toutes les mélodies saillantes, passant sans cesse d’un instrument à l’autre, assure l’unité de cette page effervescente. Dans l’Allegretto, la couleur des cordes avec sourdine et le maintien dans le registre grave créent un climat processionnel presque angoissant. À mi-parcours, une sorte de carillon offre l’écho distancié de quelque vieil opéra-comique. Seule la couleur modale du Minuetto au parfum d’autrefois justifie le titre de ce scherzo ludique. Le Trio, plus lié, renoue avec le style pastoral de l’Allegretto. Le Final, alerte, tire la forme sonate vers un dénouement de comédie lyrique dont la tension croissante est renforcée par des trémolos en crescendo.