L’ Ouragan

L’Ouragan poursuit l’ambition, amorcée par Bruneau et Zola depuis 1891 avec Le Rêve, de représenter sur la scène lyrique l’opéra naturaliste. Après Messidor (1897), Zola signe son deuxième livret, également en prose. L’action se déroule sur l’île de Goël, où s’entrecroisent les destinées de deux sœurs, Marianne et Jeannine, qui aiment toutes deux Richard, et de deux frères, Richard et Landry, qui aiment tous deux Jeannine. Pour faciliter les choses, Richard est parti en mer et Jeannine a finalement épousé Landry. Mais quand Richard doit regagner l’île, l’ouragan des éléments précipite celui des cœurs. Richard et Jeannine se retrouvent, Landry est prêt à tuer son frère, mais en protégeant Richard Marianne frappe mortellement Landry. L’amour des deux amants sera pour toujours entaché et Richard reprend la mer, condamné à l’errance. Le scénario se veut simple et propice à révéler le meilleur et le pire des personnages, dont les passions sont poussées jusque dans leurs plus vifs retranchements. Bruneau dispose du livret en novembre 1896 et débute la composition dès l’année suivante, espérant une création à l’automne. L’écriture musicale se met tout entière au service de la symbolique du drame en caractérisant par des motifs conducteurs les thèmes de l’amour, de l’ouragan, de l’arbre enchanté de Goël, de la mer. Peu satisfait des conditions dans lesquelles Messidor fût créé à l’Opéra, Bruneau réserve L’Ouragan à l’Opéra-Comique. Mais l’impact de l’Affaire de Dreyfus compromet la création d’un ouvrage signé par Zola, et l’auteur est contraint à un exil provisoire. L’Ouragan est finalement créé dans la troisième salle Favart le 29 avril 1901, dans une mise en scène d’Albert Carré où la qualité du jeu scénique et des éclairages révèlent la haute portée symbolique de ce drame humain.