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Messe de requiem

Compositeur(s) / Compositrice(s) :
Date :
Formation musicale :

Introït – Kyrie – Graduel – Prose – Offertoire – Sanctus – Pie Jesu – Agnus

On a du mal à dater précisément la composition de la Messe de requiem à grand orchestre de Plantade, « composée et dédiée à Mme la Baronne de La Bouillerie » d’après la page de titre. En effet l’œuvre semble préexister à l’événement qui la rendit célèbre : la commémoration, en 1823, des trente ans de la mort de la reine Marie-Antoinette sur l’échafaud. Le répertoire de la Chapelle des Tuileries ne comportait pas alors pléthore de messes funèbres, et il est probable que l’urgence d’une situation peut-être décidée tardivement obligea à puiser dans un catalogue non issu des maîtres de Chapelle principaux (Le Sueur et Cherubini). Et c’est vers Charles-Henri Plantade que se tourne l’organisateur de la cérémonie afin qu’il retravaille une Messe en ré mineur restée inédite, bien que sans doute déjà jouée. Une édition luxueuse,  publiée par Frey à cette occasion, profita de la générosité de la Baronne de La Bouillerie, laquelle rassembla une liste importante de souscripteurs assurant la rentabilité d’une telle opération. La musique de ce Requiem offre un pont saisissant entre les modèles d’Ancien Régime et le premier romantisme. Le chœur est écrit avec trois parties d’hommes (les ténors étant toujours divisés) et une seule ligne de femmes. La sonorité, de ce fait, se rapproche des anciens motets hérités de l’esthétique lullyste puis ramiste. La découpe conserve le plan traditionnel Introït / Kyrie / Graduel / Prose / Offertoire / Sanctus / Pie Jesu / Agnus. Après une introduction dont le chromatisme représente l’affliction devant la mort, et dont le coup de tam-tam semblent rappeler l’implacable destin de l’homme, le Kyrie opte pour une fugue plus énergique, débutée en faux plain-chant, et dont les volutes ne sont pas sans imiter certains mélismes haendéliens. Le Graduel, intimiste, divise par moment la ligne de sopranos en deux parties et aspire à la plénitude de l’homorythmie, en opposition complète avec le Kyrie. La prose – par la longueur de son texte – est la section la plus développée de la messe des morts, et c’est aussi celle où Plantade fera montre de toute la richesse de son inventivité : on y sent passer les frémissements opératiques des ouvrages révolutionnaires de Méhul et Cherubini, et même la nervosité du style de Rossini, alors en pleine vogue. Le très beau Pie Jesu qui conclut cette section offre un magnifique exemple de style rétrospectif, où altos et violoncelles résonnent comme un consort de violes louis-quatorzien. Mais c’est précisément dans le « véritable » Pie Jesu – celui qui précède l’Agnus, plus loin dans la messe – que Plantade utilisera l’effet d’orchestration le plus moderne de sa partition : un gémissement plaintif du cor en note « ouverte » et chromatique, produisant un son inquiétant que Berlioz dut particulièrement apprécier.

Permalien

https://www.bruzanemediabase.com/node/6068

date de publication : 25/09/23



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