Le Pont des soupirs d’Offenbach
THÉÂTRE DES VARIÉTÉS.
Reprise du PONT DES SOUPIRS
Opéra bouffe en quatre actes et cinq tableaux, paroles de MM. Hector Crémieux et Ludovic Halévy, musique d’Offenbach.
(Première représentation le 8 mai 1868.)
Il y a sept ans que le Pont des soupirs a été donné pour la première fois au théâtre des Bouffes-Parisiens, c’était le 28 mars 1861 ; les principaux rôles étaient joués par Désiré, Potel, Bache, Mlles Tautin, Tostée, Pfotzer, etc. Nous nous rappelons encore l’effet produit par un comique du nom de Tacova, sous les traits du président du Conseil des Dix. Tout cela est pourtant déjà loin de nous, et l’on comprend que la reprise de cette bouffonnerie vénitienne, remaniée d’ailleurs, et considérablement augmentée, puisse aujourd’hui passer pour une nouveauté. L’accueil qu’on lui a fait aux Variétés en est la preuve.
Les infortunes conjugales du doge Cornarino-Cornarini, toujours suivi de son écuyer Baptiste, les scélérates menées du gonfalonier Malatromba, les amours de la belle Catarina et du page Amoroso, toutes ces folles aventures, assaisonnées de poignards, de masques, de gondoles et de tout ce qui constitue la couleur locale dans la cité de Saint-Mare, semblaient n’avoir jamais servi. Nous constaterons à la vérité que tous les interprètes de la pièce, excepté Mlle Tautin, étaient neufs dans leurs rôles, et que, par conséquent, c’était un tout autre horizon.
Mais si l’action a été légèrement modifiée par les auteurs, al musique d’Offenbach l’a été dans des proportions bien plus importantes. Néanmoins, tous les morceaux à effet de l’ancienne partition ont été conservés, et, dans le nombre, nous avons retrouvé avec plaisir la sérénade et la complainte du premier acte, l’excellent quatuor des poignards et le rêve du second, enfin le chœur du carnaval.
Parmi les morceaux ajoutés, nous avons remarqué une jolie balade, la Colombe et le Vautour, chantée au commencement du deuxième acte par Malatromba, puis un boléro entraînant ; à l’acte suivant, des couplets sur ces mots : Les affaires sont les affaires, et un peu plus loin, un délicieux duetto pour voix de femmes, fort bien dit par Mlles Tautin et Garrait, qui a été bissé et qui méritait cet honneur ; enfin, au dernier acte, un gai tourbillon dans lequel est intercalé un grand air pour Catarina. Ces additions suffiraient au succès de l’ouvrage, s’il n’avait pas déjà pour lui les éléments qui l’ont fait réussir autrefois.
Le rôle de Malatromba, qui a pris le premier rang, est tout à fait dans les moyens de Dupuis ; comme comédien, et surtout comme chanteur, il y a obtenu plusieurs salves de bravos. Thiron et Kopp sont amusants dans les rôles du doge et de son fidèle écuyer Baptiste. L’acte du Conseil des Dix a besoin de coupures, et ses longueurs ont un peu nui à Grenier, qui a pris la succession de Tacova. Hamburger fait valoir par ses cascades originales un petit rôle de patricien ambitieux. Mlle Tautin a retrouvé son succès de la création dans le rôle de Catarina. Mlle Garrait, toujours correcte et gracieuse, a été souvent applaudie dans celui du page Amoroso.
Nous ne quitterons pas le Pont des Soupirs sans faire nos compliments à la direction, qui n’a rien négligé pour donner les plus brillantes attractions à la représentation de cette pièce. Les décors et les costumes sont très-soignés, les chœurs très-convenablement composés, les petits rôles de femmes très-bien remplis, et l’orchestre fonctionne avec beaucoup d’ensemble sous la conduite de son habile chef, M. Lindheim.
D.
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Jacques OFFENBACH
/Hector CRÉMIEUX Ludovic HALÉVY
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date de publication : 21/10/23