Six Pièces : Prière op. 20
Andantino sostenuto – Très expressif et très soutenu
L’avant-dernière des Six Pièces d’orgue fut dédiée par Franck à son maître François Benoist, qui enseignait l’orgue au Conservatoire depuis 1819 et auquel il succéda en 1872. Pièce la plus austère du cycle, elle est aussi la plus dense polyphoniquement et celle dont l’harmonie invite le plus à un parallèle avec Wagner. Ses deux parties, séparées par un épisode central au caractère quasi dramatique, s’apparentent à l’exposition et à la réexposition d’une forme sonate. Au fervent premier thème de 32 mesures en ut dièse mineur, porté par une polyphonie à cinq voix, succède un motif de pont de huit notes au pédalier qui, varié et développé, s’épanouit en mélismes de plus en plus animés (croches, triolets) jusqu’à engendrer un nouveau thème contemplatif, en sol dièse majeur. Celui-ci se déploie sur un accompagnement de triolets en un dialogue entre voix aiguë et voix grave, avant un retour du motif de pont au pédalier et une soudaine interruption sur une cadence évitée. Le premier thème réapparaît alors à nu, « quasi recitativo » (trompette du récit), alternant avec une variante du motif de pont qui s’affirme en triolets de plus en plus impérieux. Repartant d’ut dièse mineur, la seconde partie (Très expressif et très soutenu) aboutit à ut dièse majeur en offrant une magistrale amplification contrapuntique des thèmes de la première partie. La coda renoue avec l’écriture en récitatif de la partie centrale, et ramène le thème initial de la Prière en ut dièse mineur, pour s’achever en d’énigmatiques épanchements mélodiques qui semblent figurer l’abandon d’une âme en extase.
Permalien
date de publication : 25/09/23
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