Année passée

Éditée pour la première fois en 1897, Année passée figure parmi les rares œuvres que Massenet dédie au piano à quatre mains. Celle-ci s’organise selon une forme calendaire en quatre livres comportant chacun trois pièces. Le premier livre, « Après-midi d’été », débute avec À l’ombre (I) dans un bruissement continu du premier clavier accompagné de figures syncopées. Dans les blés (II) présente un thème primesautier soutenu par des accords archaïsants laissant bientôt percer une vaste fugue. Grand soleil (III) répète ses accords étincelants au premier clavier, quand le second esquisse un thème qui s’efface derrière cet intense rayonnement. Le deuxième livre, « Jours d’automne », débute avec Feuilles jaunies (I) dont la déliquescence s’accompagne d’un balancement volontiers rubato. Deux novembre (II) installe un sentiment d’immobilisme par ses octaves obstinés sur do-ré, au-dessus desquels s’exprime un profond sentiment d’introspection en figures plaquées. Joyeuse chasse (III) conclut le second livre dans un galop bondissant. Le troisième livre, « Soirs d’hiver », débute avec Noël (I) dans un vide glacial laissé par les octaves parallèles jouées aux extrémités des claviers et bientôt comblé par un chant fédérateur. En songeant(II) propose un dialogue entre un doute statique et des idées fugaces de triples croches caressant le clavier tout entier avant de s’achever sur l’esquisse d’un thème cher au Des Grieux de Manon. On valsait (III) convoque en un thème chantant et dansant tout l’enivrement populaire caractéristique de la Belle Époque. Le quatrième livre, « Matins de printemps », débute avec Les premiers nids (I) dans un piaillement volubile et incessant des deux claviers. Il se poursuit avec le thème joliment découpé des Lilas (II), offrant l’image d’une floraison délicate et insaisissable pour s’achever dans un vaste carillon de cloches de Pâques (III).