Ossiane
Légende symphonique pour contralto, ténor, chœur et orchestre. Texte original en allemand (Gotterlieder) traduit en français par Charles Grandmongin et intitulé d’après le nom du personnage principal. Version française partiellement créée salle Érard, le 13 mai 1879.
« Mme Jaëll aurait inventé Wagner, si Wagner ne l’eût inventée. » Cette réflexion sarcastique d’Oscar Commettant au lendemain de la création partielle d’Ossiane, salle Érard, donne le ton de la réception de cette œuvre hors norme. Alors que l’influence du maître de Bayreuth grandit et inquiète les Français, ce poème symphonique d’inspiration ouvertement germanique trouble des journalistes parisiens qui n’en découvrent pourtant que le prélude et la seconde partie le 13 mai 1879. Bien que cette première audition soit donnée avec un texte français, l’œuvre a été composée par Marie Jaëll sur des paroles allemandes dont elle est l’autrice. Ce Gotterlider – ou « Chants des dieux » – narre les épreuves que l’humaine Ossiane doit passer pour atteindre le dieu de l’harmonie Bélès. Elle doit connaître trois chants sacrés : celui de la Joie, celui de la Douleur et celui de l’Amour. La partition donne lieu à un traitement différentié des personnages : la mortelle est incarnée par un contralto alors que l’orchestre représente la divinité. Cette légende désarçonne ses premiers auditeurs par sa fougue. Victorin Joncières la considère même comme « l’œuvre d’une illuminée. C’est un entassement de dissonances, de sonorités baroques, de trémolos continuels, d’insistances exaspérantes, à ébranler le système nerveux, jusqu’à donner des attaques de nerfs » (La Liberté, 19 mai 1879). Ernest Reyer, dans le Journal des débats, prend cependant la défense de l’ouvrage et lui trouve « un tempérament musical exceptionnel, des dons surprenants et des qualités de premier ordre » (26 mai 1879).
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date de publication : 13/05/24
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