Clair de lune pour violon et piano
La Tombelle dédia Clair de lune à Rafael Diáz Albertini, violoniste cubain (à l’origine de la Havanaise de Saint-Saëns) qui était un habitué de son salon. Sa pièce est toutefois dépourvue de tout exotisme. Sans grande difficulté technique, elle s’adresse à l’amateur de bonne volonté plus apte à jouer ces quelques pages qu’une sonate au long cours. Son titre témoigne du goût des compositeurs français pour les ambiances crépusculaires propices aux confidences sentimentales. Il n’est pas fortuit que Verlaine ait titré « Clair de lune » l’un des poèmes de ses Fêtes galantes, poème maintes fois mis en musique, notamment par Debussy qui, en outre, intitula « Clair de lune » le troisième mouvement de sa Suite bergamasque. La couverture de la partition de La Tombelle, publiée en 1889 par la Société anonyme d’édition mutuelle de musique, montre l’astre vespéral diffusant sa clarté sur des nuages moutonnant, comme s’il fallait attirer l’œil avant de séduire l’ouïe. Dans un tempo Andante, le rythme berceur d’une mesure à 12/8 instaure une atmosphère de rêverie. Le violon chante sur les ondulations du piano, au départ portées par une pédale de tonique. Puis l’expression devient plus passionnée, plus tendue même, cette évolution s’accompagnant de modulations en mineur. La pièce se termine avec un retour de la mélodie initiale et une stabilisation sur pédale de tonique, mais avec tant de variantes qu’il est délicat d’évoquer une forme ABA’. La fin, éthérée, s’évanouit dans un souffle et invite au sommeil.
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date de publication : 25/09/23
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