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Hector Berlioz. À travers chants

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Couverture À travers chants BerliozLivre en français. Réédition. Préface d’Emmanuel Reibel. Lyon : Symétrie / Palazzetto Bru Zane, 2013

Être ou ne pas être, voilà la question. Une âme courageuse doit-elle supporter les méchants opéras, les concerts ridicules, les virtuoses médiocres, les compositeurs enragés, ou s’armer contre ce torrent de maux, et, en le combattant, y mettre un terme ? Mourir, – dormir, – rien de plus. Et dire que par ce sommeil nous mettons fin aux déchirements de l’oreille, aux souffrances du cœur et de la raison, aux mille douleurs imposées par l’exercice de la critique à notre intelligence et à nos sens ! – C’est là un résultat qu’on doit appeler de tous ses vœux. – Mourir, – dormir, – dormir, – avoir le cauchemar peut-être. – Oui, voilà le point embarrassant. Savons-nous quelles tortures nous éprouverons en songe, dans ce sommeil de la mort, après que nous aurons déposé le lourd fardeau de l’existence, quelles folles théories nous aurons à examiner, quelles partitions discordantes à entendre, quels imbéciles à louer, quels outrages nous verrons infliger aux chefs-d’œuvre, quelles extravagances seront prônées, quels moulins à vent pris pour des colosses ? (Hector Berlioz)

À partir des années 1850, Berlioz rassemble certains de ses écrits dans Les Soirées de l’orchestre (1852), Les Grotesques de la musique (1859) et À travers chants (1862). S’il nourrit l’espoir de les transmettre à la postérité, il permet en premier lieu à ses contemporains d’accéder à des textes publiés plusieurs décennies auparavant. À travers chants, qui reprend notamment le Voyage musical en Allemagne et en Italie de 1844, est sous-titré « études musicales, adorations, boutades et critiques ». En fait, la catégorie des « adorations » prédomine, puisque Berlioz accorde une large place à Beethoven, Gluck et Weber. Il bâtit ainsi son panthéon, constitué essentiellement de musiciens germaniques très connus (ce qui n’était pas le cas au moment de la publication des articles), qu’il contribue à sacraliser. Construit plus rigoureusement que les deux compilations précédentes, son troisième recueil met en avant une réflexion esthétique et théorique en faveur de la modernité, sans épargner les pratiques qui se généralisent en cette seconde moitié du XIXe siècle : Berlioz critique la construction de salles de spectacle toujours plus grandes et leurs conséquences sur la technique vocale, l’élévation du diapason, l’intensité sonore d’orchestres jouant à pleins poumons. Insensible aux sirènes wagnériennes, mais en rien nostalgique, il continue de défendre une conception élitiste de l’art : « Musique, art d’émouvoir par des combinaisons de sons les hommes intelligents et doués d’organes spéciaux et exercés. Définir ainsi la musique, c’est avouer que nous ne la croyons pas, comme on dit, faite pour tout le monde. »

Sur le site du Palazzetto Bru Zane Sur le site de Symétrie

Personnes en lien

Chef d'orchestre, Compositeur, Journaliste

Hector BERLIOZ

(1803 - 1869)

Compositeur, Pianiste

Ludwig van BEETHOVEN

(1770 - 1827)

Permalien

https://www.bruzanemediabase.com/node/66995

date de publication : 20/10/23