Rosine STOLTZ

Victoire Noël, dite Rosine Stoltz

Rosine Stoltz, l’une des grandes figures de l’opéra romantique français, fut un personnage très controversé. Après des études à l’Institution royale de musique classique et religieuse de Choron (1826-1830), Victoire Noël débute sa carrière musicale en Belgique où elle s’était enfuit avec Ternaux, le fils d’un marchand de châles. Engagée au théâtre de Lille pendant la saison 1833-34, elle retourne en Belgique l’année suivante et y épouse le directeur du théâtre de la Monnaie, Alphonse-Auguste Lascuyer, se produisant alors sous le nom de scène de Rosina Stoltz. Elle possède une voix de mezzo-soprano d’une grande ampleur, aux graves sonores et montant jusqu’à l’ut, mais elle est davantage appréciée pour sa déclamation et pour le style passionné de son jeu que pour sa technique vocale. Stoltz débute à l’Opéra de Paris le 25 août 1837 dans le rôle de Rachel de La Juive, en remplacement de Cornélie Falcon qui s’était retrouvée aphone sur scène. Pendant les dix années suivantes, elle s’impose en créant des rôles majeurs, la plupart conçus pour elle : Ascanio de Benvenuto Cellini de Berlioz (1837), Léonor de La Favorite de Donizetti (1840), Catarina de La Reine de Chypre d’Halévy (1841), Zaïda de Dom Sébastian de Donizetti (1843). Considérée par la presse du temps comme l’archétype de la diva égoïste et capricieuse, elle est accusée d’attitude déloyale vis-à-vis des autres chanteurs surtout lorsqu’elle devient la maîtresse de Léon Pillet, directeur de l’Opéra à partir de 1840. Il est un fait qu’on compose pour elle nombre d’ouvrages sans autre voix féminine, évitant tout conflit et toute concurrence avec les cantatrices de la troupe comme M^me Dorus-Gras, sa plus grande – et détestée – rivale. Sa voix décline à partir de 1845 et elle est contrainte à prendre sa retraite en 1847, après un échec dans le rôle de Robert Bruce de Rossini.