Douze Duos pour violon et violoncelle op. 84
Le duo pour violon et violoncelle est une formation rare, si l’on met à part les œuvres baroques dont il est permis de jouer la partie de basse au seul violoncelle, mais qui impliquent plutôt un continuo de plusieurs instruments. C’est dire l’originalité de Reicha, qui consacre à cet effectif ses opus 1, 3, 4 et 84. Le dernier recueil de duos propose une réalisation concrète de principes théoriques, puisqu’il est publié (vers 1814 chez Gambaro à Paris) dans le cadre d’un Petit Traité d’harmonie pratique à deux parties, suivi d’exemples en contrepoint double, et de douze duos pour violon et violoncelle, pouvant se jouer aussi sur le piano. Le violoncelle chante la mélodie au même titre que le violon, même si certaines pièces lui attribuent une fonction surtout harmonique (les nos 5 et 10, sur basse obstinée). Alors que Reicha exploite toutes les ressources de la fugue dans certaines de ses partitions, il cultive ici la polymélodie d’un « style de conversation », préférant la liberté de la fantaisie à la sévérité de l’écriture en imitation. La majorité des duos comportent deux épisodes : le premier lent (parfois fort développé comme dans le no 7 dont l’Andante est un thème et variations), le second vif. Certains numéros se distinguent par une coupe tripartite, comme le no 9 (dont le dernier volet est annoncé comme une « Imitation de la harpe éolienne ») et le no 10 qui commence par une séquence sur basse obstinée, suivie d’un menuet puis d’un allegro à deux temps. Étude du contrepoint, le recueil permet aussi aux instrumentistes de se familiariser avec un kaléidoscope de caractères.
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date de publication : 06/09/23
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