Quintette avec deux altos en fa majeur op. 92 n^o 1

Antoine Reicha compose à Vienne un ensemble de six quintettes à cordes dont trois furent publiés à Paris sous le numéro d’opus 92. Le Grand Quintetto n^o 4 à deux altos en fa majeur, daté de juin 1807, est le premier des trois quintettes de l’opus parisien. Reicha compose à la même période une cinquantaine d’œuvres de chambre, mais ces quintettes « très originaux » selon lui contribuèrent plus que tout autre à forger sa réputation à Vienne. Le Quintette en fa, aussi inspiré qu’exigeant, illustre bien la nature supérieure de ces ouvrages auxquels le compositeur prédit un accueil moins favorable en France en raison de leur difficulté d’exécution. L’œuvre commence par un Allegretto poco andante à 3/4 aux harmonies mouvantes, alternant périodiquement avec un Allegro plus stable à deux temps dont le thème en fa mineur subit plusieurs transpositions. Une profusion d’idées mélodiques empruntant aux tons voisins conduit à un thème contrastant en ut majeur joué « mezza voce ». Le traitement des différents motifs et leur articulation complexe témoignent des intentions ambitieuses du compositeur. Le Minuetto, en deuxième position, tient sa singularité du phrasé staccato incisif qui domine le mouvement et du matériau minimal à partir duquel il se construit. L’Andante, en la majeur, fait entendre par le premier violon à découvert un motif au rythme pointé, dont l’éclairage harmonique varie dans ses différentes occurrences, opposé à une seconde idée mélodique en triolets. L’œuvre se termine par un Finale de grande ampleur, qui frappe par la complémentarité et la parfaite cohésion des cinq membres du quintette.