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Les concerts. Le Paradis perdu

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Le Paradis perdu, drame oratorio en quatre parties d’après le poème de Milton, paroles d’Édouard Blau, musique de Théodore Dubois, exécuté solennellement au théâtre du Châtelet le 27 novembre 1878 [note : Paris, E. et A. Girod, éditeurs, 16, boulevard Montmartre.]

Ce n’est pas la première fois que M. Théodore Dubois (prix de Rome en 1861) prenait part à un concours musical. Déjà en 1864, au moment où il était à Rome, il présentait un ouvrage dramatique en trois actes au concours du Théâtre-Lyrique, exclusivement réservé aux grands prix de l’Institut. Ce fut la Fiancée d’Abylos de M. Barthe qui fut couronnée. De celle de M. Th. Dubois, nous avons entendu, à la Société nationale de musique, quelques airs de ballet, vraiment gracieux. M. Th. Dubois ne se découragea point, il prit part, en 1867, au concours ouvert pour la partition du Florentin, où il fut vaincu par M. Ch. Lenepveu. Nous connaissons la partition de M. Lenepveu ; nous ne connaissons point celle de M. Dubois, qui n’a encore pu donner au théâtre qu’un joli petit opéra-comique, la Guzla de l’émir, représentée à l’Athénée en 1873. – Pain bis attend encore son tour à l’Opéra-Comique.

Le concours récemment institué par le conseil municipal de Paris pour une œuvre symphonique avec chœurs et soli a été, cette fois, plus favorable à M. Th. Dubois, dont l’ouvrage a partagé le premier prix avec le Tasse de M. Benjamin Godard.

Le Paradis perdu est absolument digne de l’auteur des Sept Paroles du Christ. M. Th. Dubois, organiste à la Madeleine, où il a succédé à M. Camille Saint-Saëns, et professeur d’harmonie au Conservatoire, où il a été nommé, en 1871, en remplacement de M. Elwart, a écrit, sur un sujet récemment traité par M. Massenet, une œuvre qui le place à un rang élevé parmi les compositeurs de l’école française contemporaine.

L’espace nous manque ici pour apprécier en détail l’ouvrage qui a enlevé à plusieurs reprises les applaudissements d’un public officiel plus réservé qu’il ne fallait. La seconde partie (l’Enfer) nous a paru d’une inspiration supérieure. Le trio des anges rebelles (chantés par MM. Villaret fils, Labarre et Séguin), et l’air de Satan (M. Lauwers), sont des morceaux de maître.

Il y a aussi de charmantes pages dans la troisième partie (Le Paradis terrestre), à commencer par le tutti des violons de l’introduction et par le chœur d’esprits, chanté par les sopranos. Le duo d’Adam et Ève (Mlle Jenny Howe et M. Furst), Aimons-nous, c’est la loi du Maître, est fort gracieux, non sans quelques ressouvenirs de Gounod et du duo du jardin de Faust. L’air de triomphe de Satan rappelle la manière d’Haendel.

L’exécution de l’orchestre et des chœurs, dirigée par Ed. Colonne, a été bonne : elle sera excellente demain dimanche.

Le Paradis perdu est, en somme, un ouvrage d’une réelle valeur, qui méritait d’être connu du public et fait le plus grand honneur à M. Th. Dubois.

Edmond Stoullig.

Personnes en lien

Journaliste

Edmond STOULLIG

(1845 - 1918)

Compositeur, Organiste

Théodore DUBOIS

(1837 - 1924)

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Le Paradis perdu

Théodore DUBOIS

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Édouard BLAU

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date de publication : 01/11/23