Messe de Clovis
Messe pour basse solo, chœur mixte à 4 voix, 2 orgues, trompettes et trombones.
Le 7 mai 1891, Gounod commence l’écriture de cette messe dont l’édition posthume – en 1896 – porte, en page de titre, la mention : « composée pour le XIVe centenaire du baptême de Clovis à Reims le 25 décembre 496 ». L’œuvre s’inscrit dans la dynamique de ralliement des catholiques à la IIIe République, auquel le pape Léon XIII avait donné son assentiment. Si la version complète de la Messe de Clovis prévoit un prélude avec grand orgue et fanfares de trompettes et trombones, l’édition par Choudens encourage une exécution plus modeste pour chœur seul et petit orgue, repoussant le majestueux préambule en annexe de la partition. Le style vocal renoue avec celui expérimenté par Gounod dès 1840 dans sa Messe vocale de Vienne : c’est Palestrina et l’écriture néo-Renaissance qui est convoquée de bout en bout. Toutefois, la mention « d’après le chant grégorien » figurant sur l’édition paraît abusive. Gounod s’inspire d’un système plus qu’il ne le copie servilement. Au lieu du ton de supplication ordinaire, le Kyrie – attaqué forte – proclame la confiance dans l’esprit du monarque victorieux. Clovis, comme Jeanne d’Arc, était devenu une figure tutélaire après la défaite de 1870 contre la Prusse. Du Gloria, on retient l’esprit initial des Noëls français avant qu’apparaissent des complications harmoniques et l’exploitation des registres graves de la masse chorale. Le reste de la messe poursuit cette exploration d’un style « historicisant » que Gounod manie admirablement. L’Agnus Dei final, en particulier, déploie une qualité contrapuntique sans raideur ni académisme.
Permalien
date de publication : 25/09/23
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