Danse macabre S. 555
« Zig et zig et zig, La mort en cadence/ Frappant une tombe avec son talon,/ La mort à minuit joue un air de danse,/ Zig et zig et zag sur son violon. » Ainsi commence la Danse macabre, poème d’Henri Cazalis que Saint-Saëns mit en musique en 1872. Deux ans plus tard, la mélodie devint un poème symphonique qui reçut un accueil tumultueux lors de sa création, le 24 janvier 1875 au théâtre du Châtelet : les sifflets s’opposèrent à des applaudissements enthousiastes qui incitèrent Édouard Colonne à bisser la Danse macabre ! Si les grincements du violon solo, le xylophone stylisant le claquement des ossements et la citation ironique du Dies irae choquèrent certains auditeurs, c’est peut-être parce qu’ils leur rappelaient la guerre de 1870 et la Commune : « Oh ! La belle nuit pour le pauvre monde !/ Et vive la mort et l’égalité ! », conclut le poème de Cazalis. Par ailleurs, les quintes superposées du violon et le tourbillon effrayant de la danse étaient déjà présents dans la Méphisto-Valse de Liszt, qui transcrivit la Danse macabre en 1876. Il écrivit à Saint-Saëns : « Je vous prie d’excuser mon inhabileté à réduire au piano le merveilleux coloris de la partition. À l’impossible, nul n’est tenu ! ». Il compensa toutefois la prétendue monochromie du clavier par une virtuosité satanique et des effets d’une stupéfiante inventivité. En outre, il développa l’introduction et la conclusion, ajouta des épisodes de transition. Sa version pianistique suscita l’admiration de Saint-Saëns qui la joua en Allemagne en 1911, lors des célébrations du centième anniversaire de la naissance de Liszt.
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date de publication : 06/09/23
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