Eugène POTTIER

Composée alors que son auteur n’avait que 14 ans, la chanson Vive la liberté – contemporaine de la révolution de 1830 qu’il suit depuis les barricades – donne le ton de l’orientation politique du chansonnier Eugène Pottier. Fils d’ouvrier, ce Parisien de naissance est dessinateur sur étoffe. En 1840, la publication de Il est bien temps que chacun ait sa part lui vaut ses premiers succès populaires. L’engagement dont il fait preuve dans ses textes se retrouve dans son parcours militant : actif durant la révolution de 1848, il est à l’origine de la création de la Chambre syndicale des dessinateurs et adhère à l’Internationale à la fin du Second Empire. Son rôle au cours de l’insurrection parisienne de 1871 n’est pas non plus négligeable : il siège au conseil de la Commune de Paris et fait partie de la Fédération des artistes. C’est au cours de la répression sanglante des Communards par les Versaillais, à la fin du mois de mai 1871 (juste avant son exil en Angleterre), qu’il écrit le texte qui le fera entrer dans l’Histoire : celui de L’Internationale (qui ne sera mis en musique par Pierre Degeyter qu’un an après la disparition de l’auteur). Condamné à mort par contumace en 1873, Pottier quitte l’Angleterre pour les États-Unis et ne revient en France qu’en 1880 à la faveur de l’amnistie accordée aux Communards. Ruiné et handicapé, ses dernières années le voient vivre chichement malgré les efforts fournis par certains chansonniers parisiens (Nadaud en tête) pour lui faire regagner sa notoriété et permettre la publication de recueils de ses chansons (dont L’Insurgé).