L’ Apprenti sorcier
Scherzo d’après une ballade de Goethe.
Durant tout le XIXe siècle, les musiciens français manifestent une véritable fascination pour la littérature allemande, ce dont témoignent leurs œuvres inspirées par Goethe, Hoffmann ou encore Bürger. Dukas ne fait pas exception à la règle, puisqu’il compose deux partitions d’après Goethe : une ouverture de Goetz de Berlichingen dès 1884, puis, en 1896-1897, le poème symphonique L’Apprenti sorcier. Son « scherzo » orchestral (sous-titre de la partition) augmentera la popularité de la ballade de Goethe en France. Mais au moment de sa création, le 18 mai 1897 à la Société nationale de musique, sous la direction du compositeur, L’Apprenti sorcier est accueilli avec tiédeur par des auditeurs sans doute traumatisés par le récent incendie du Bazar de la Charité (4 mai). Il faut attendre le 19 février 1899, sous la direction de Camille Chevillard, pour qu’il rencontre le succès. Le titre de scherzo fait référence à l’esprit de l’œuvre, laquelle se coule en fait dans la structure préétablie d’une forme sonate. Après le motif des « sortilèges », joué par les cordes au tout début de l’œuvre, la clarinette esquisse le thème du balai (véritablement exposé plus loin par trois bassons sautillants et goguenards). Puis les bois staccato énoncent le thème de l’apprenti, dans un tempo vif. Le motif de « l’évocation » (un appel cuivré) prendra de l’importance à la fin de la partition, au moment de l’arrivée du magicien. Un gigantesque crescendo orchestral figure les flots submergeant peu à peu le laboratoire du maître. La réexposition coïncide avec l’apparition des deux balais, dont le thème, d’abord traité en fugato, engloutit peu à peu celui de l’apprenti. La coda renoue avec l’atmosphère mystérieuse du début, avant de terminer sur un accord fracassant.
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date de publication : 25/09/23
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