Barbe-Bleue

Après l’éclatant succès de La Belle Hélène (1864) et juste avant le triomphe de La Vie parisienne (1866), Offenbach et ses complices Meilhac et Halévy s’attaquent au conte de Charles Perrault, un sujet idéal pour épingler la soif de conquête de Napoléon III. Les librettistes offrent à Barbe-Bleue un double : le roi Bobèche, dont la fille Hermia jadis délaissée au profit de l’héritier mâle est reconnue sous les traits d’une bergère. Parallèlement, Popolani, l’alchimiste de Barbe-Bleue, trouve en Boulotte une épouse pour son maître à nouveau veuf, mais celle-ci scandalise la cour par ses mauvaises manières. Alors que Bobèche fait éliminer les courtisans pour qu’Hermia épouse le Prince Saphir, Barbe-Bleue charge Popolani de faire disparaître Boulotte pour épouser lui-même la princesse. La cérémonie est interrompue par l’arrivée de bohémiens qui se révèlent être les anciens seigneurs répudiés par Bobèche et les anciennes femmes de Barbe-Bleue, gardées en vie par Popolani. Les uns épousent les autres, Hermia et Saphir s’unissent et Barbe-Bleue gagne le pardon de Boulotte. Fidèle à son langage musical brillant et espiègle, Offenbach signe une solide partition. La truculence du livret se prête à d’exquises vocalises du rôle-titre régulièrement tourné en ridicule. L’invention mélodique abonde en de nombreuses pages dont il convient de retenir la chanson de Boulotte et la valse des rosières au I^er acte, le morceau du baisemain au II^e acte et surtout le grand duo de Barbe-Bleue et Boulotte. Le couple formé par José Dupuis (rôle-titre) et Hortense Schneider (Boulotte) remporte un triomphe le soir de la création et Barbe-Bleue gagne vite l’Allemagne et l’Autriche où son succès se confirme plus tardivement.