Chants d’Auvergne
Familier des chants populaires depuis son enfance, Canteloube réalise ses premiers collectages en 1895 : « J’habitais alors la pleine campagne, en une région où les paysans chantaient encore volontiers. Je commençais à courir fermes et villages pour écouter les chansons des paysans, faisant chanter les vieux et les vieilles, les pâtres et les bergères aux pâturages, les laboureurs et les moissonneurs au travail. » Mais il ne se comporte pas en ethnomusicologue soucieux d’exactitude scientifique. Il publie plusieurs milliers de mélodies populaires pour attirer l’attention sur la richesse de ce fonds et le rendre accessible aux amateurs. Parallèlement à ces éditions, il compose les accompagnements orchestraux de cinq séries de Chants d’Auvergne, en 1923 (1re et 2e séries), 1927 (3e série), 1930 (4e série) et 1954 (5e série). Dans ces recueils, les chants de berger côtoient des berceuses, des vignettes humoristiques et parfois caustiques. Canteloube justifie le raffinement de son écrin instrumental en ces termes : « Si le paysan chante sans accompagnement, ce n’est pas une raison suffisante pour l’imiter. Quand le paysan chante au labour, aux moissons, il y a autour de son chant tout un accompagnement que, précisément, ne “sentent” pas ceux qui veulent rester “scientifiques”. […] Seul l’art immatériel, la musique, peut par les timbres, par les rythmes, les harmonies, mouvants, impalpables, évoquer l’atmosphère nécessaire. » En fait, Canteloube estompe les frontières entre arrangement et composition, son environnement orchestral s’imposant comme un véritable travail de création.
Permalien
date de publication : 25/09/23
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