Nocturnes pour piano
Au sein de l’œuvre pour piano seul de Gabriel Fauré, les Nocturnes forment l’un des ensembles les plus importants avec les Barcarolles. Comme ceux de Chopin, dont Fauré est l’un des rares à poursuivre la veine introspective, ce sont davantage de libres rêveries que de strictes évocations de la nuit. L’un des fils de Fauré expliqua que le compositeur « eût mille fois préféré désigner ses Nocturnes, ses Impromptus, même ses Barcarolles, sous la simple mention de Pièce pour le piano no tant… ». L’affirmation est peut-être exagérée, mais elle exprime bien la nature abstraite de la musique de Fauré, évidente dans ses Nocturnes, pièces non seulement intimistes, mais aussi passionnées, véhémentes, tragiques parfois. Composés entre 1875 et 1921, ces treize morceaux révèlent l’admirable évolution stylistique de leur auteur. Le 1er Nocturne est une réussite évidente, où s’affirme le continuateur de Chopin. Les deux suivants aussi, dans lesquels Fauré approfondit son langage, tandis que les 4e et 5e, de 1884, témoignent de l’influence décroissante du devancier Polonais. Le célèbre 6e Nocturne, de 1894, marque l’entrée de Fauré dans une nouvelle période : une écriture opulente s’accorde à la profondeur inédite de la pensée. À partir du 9eNocturne, le musicien forge une modernité qui n’appartiendra qu’à lui : l’harmonie se dépouille de ses joliesses, l’écriture se décante instrumentalement et touche à l’épure. Funèbre, le 11e Nocturne est particulièrement poignant, et le 12e emporte par son dramatisme. Le dernier s’élève vers l’absolu avec une intensité quasi-unique dans la production de Fauré.
Permalien
date de publication : 25/09/23
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