La Reine Fiammette

Fort du succès d’Astarté créé en 1901 à l’Opéra, Leroux entreprend la composition d’un conte dramatique. Le poème est signé par Catulle Mendès qui adapte sa propre pièce, créée au Théâtre-Libre dans une mise en scène d’Antoine. Au XVI^e siècle, la jeune Orlanda, surnommée Fiammette pour son tempérament ardent, règne sur Bologne. Le cardinal Sforza entreprend d’annexer ses terres au Saint-Siège. Pour ce faire, il prétexte que la reine embrasse la doctrine luthérienne et convainc Danielo, un jeune et fanatique franciscain, de l’assassiner. Giorgio d’Ast, son opportuniste mari, pourra lui succéder et gouverner au nom du Pape. Mais alors que Danielo aime secrètement la reine – qu’il fréquente sous l’identité d’Helena en ignorant son rang – le plan échoue. Accusé par le cardinal de tentative d’assassinat, Danielo est épargné en échange de l’abdication d’Orlanda. Victimes du rusé cardinal, les deux amants se retrouveront devant l’échafaud. De belle tenue littéraire, le poème de Catulle Mendès inspire à Leroux une partition empreinte d’élans romantiques passionnés. Pourtant, plus que dans les épisodes dramatiques, c’est dans les pages gracieuses que le compositeur fait preuve d’invention mélodique. Son écriture musicale culmine dans le sonnet de Pétrarque, conté par Orlanda au II^e acte : la mélopée vocale y survole élégamment un accompagnement de caractère archaïque, lui-même parcouru du thème de Fiammette. Mise en scène par Carré, l’œuvre remporte un triomphe à sa création et reçoit le prix Monbinne de l’Académie des Beaux-Arts. Sa prestigieuse distribution, où figure Jean Périer (Giorgio d’Ast) et Mary Garden (Orlanda), créateurs de Pelléas et Mélisande, est longuement acclamée.