Robert le Diable

À la faveur de la vogue du roman noir, la figure du Diable donne lieu à toute une série d’œuvres dans le premier tiers du XIX^e siècle. Parmi elles, la légende intitulée Histoire de Robert le Diable duc de Normandie, et de Richard sans peur son fils publiée dans la Bibliothèque bleue connaît une diffusion massive et fait l’objet de nombreuses adaptations littéraires et théâtrales, dont l’opéra de Delavigne, Scribe et Meyerbeer. Représenté pour la première fois sur la scène de l’Opéra de Paris le 21 novembre 1831, l’œuvre triomphe immédiatement. Dans un Paris agité par des troubles politiques, sociaux et religieux, la création de Robert le Diable constitue un véritable événement et accapare pour un temps l’attention des élites, abreuvées d’annonces et de commentaires par une presse en ébullition. La popularité de l’opéra se mesure aussi à l’aune de ses nombreuses réappropriations parodiques. La critique s’enthousiasme en particulier pour le livret qui mêle plusieurs ingrédients-clés du drame romantique : représentation des forces infernales, mélange des genres, pittoresque et exotisme. Elle salue aussi la grande variété d’effets musicaux, au service d’un livret riche en prompts retournements de situations. La création de l’opéra est en outre servie par une distribution vocale exceptionnelle et très complémentaire, entre chant de force et raffinement des vocalises : Laure Cinti-Damoreau (Isabelle) et Julie Dorus Gras (Alice) partagent l’affiche avec Adolphe Nourrit (Robert) et Nicolas Levasseur (Bertram). Au troisième acte, le sulfureux « ballet des nonnes » repose quant à lui sur la participation de la célèbre danseuse Marie Taglioni.