Roma

« Durant l’été de 1902, arrivant de Paris, je rentrai dans ma demeure, à Egreville. Parmi les livres et les brochures que j’avais emporté avec moi, se trouvait Rome vaincue d’Alexandre Parodi. Cette magnifique tragédie avait obtenu, en 1876, au moment où elle fut jouée pour la première fois sur la scène de la Comédie-Française, un succès resté inoubliable. » (Massenet, Mes souvenirs.) Hannibal vient de vaincre l’armée romaine, l’oracle attribue la défaite à une vestale, ayant rompu ses vœux. Le soupçon se porte sur Fausta, que sa grand-mère Posthumia poignarde pour lui épargner un atroce supplice. Le sujet séduit Massenet qui, à la fin de sa vie, porte un vif intérêt à l’antique. Achevant la composition du Jongleur, il sollicite les héritiers de Parodi, mort en 1901. Sans obtenir d’accord, il débute l’écriture par le rôle de Posthumia qu’il destine à Lucy Arbell. Mettant de côté ce projet pour Ariane et Bacchus, Massenet ne revient à Roma qu’en 1907, alors que Cain obtient les droits d’adaptation. Le sujet antique et son livret aux situations marquées sollicitent du compositeur une musique dépouillée, excluant tout artifice. Définitivement au service de son sujet, Massenet livre une partition sobre et grave, dont les accents passionnés restent savamment agencés. Souffrant durant l’hiver 1911-1912, c’est par téléphone qu’il suit les répétitions organisées à Paris par Gunsbourg. Une même distribution des premiers rôles, réunissant Maria Kousnezoff (Fausta), Lucien Muratore (Lentulus), Lucy Arbell (Posthumia) et Francisque Delmas (Fabius Maximus), assure la création à Monte-Carlo le 17 février et la première parisienne à l’Opéra le 24 avril 1912.