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Roma

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Roma. – C’était hier la réception du service de seconde de Roma. La salle, absolument comble, donnait l’impression d’une soirée de gala. Mais, au fait, c’était bien une soirée de « Galla », puisqu’il nous était permis d’apercevoir la gracieuse et touchante silhouette de Mlle Courbières qui personnifiait l’esclave gauloise.

J’ai déjà cité les passages qui attirent le plus les applaudissements du public. L’impression sembla encore s’accentuer hier, surtout en ce qui concerne le grand air de Lentulus, et le duo qui suit, chanté merveilleusement par Mme Kousnezoff et M. Muratore.

Il est indéniable, que les scènes où le public retrouve le Massenet charmeur et passionné, le séduisent particulièrement. On le devine pris de suite par les fraîches sonorités qui entourent certaines mélodies aux sinuosités enlaçantes. On le sent frémir avant que ne s’achève l’air plein d’ardeur amoureuse que le Maître fait renaître si adroitement une seconde fois, comme s’il avait voulu, à dessein, provoquer un nouvel élan d’enthousiasme plus grand encore que le premier. Ah ! que M. Muratore a été vibrant d’émotion et de chaleur, hier, dans cet air.

Il l’a chanté d’une voix ronde pleine et solide, en faisant valoir toutes les nuances opposées, avec une sûreté et un art remarquables. Et dans cette impression qu’il donnait de chanter encore mieux que d’habitude, je devinais ce travail et cette recherche constante qui améliore chaque jour une voix, et la complète.

Il est très curieux que le Maître Massenet, bien qu’il ait écrit des scènes et des entr’actes formant des morceaux détachés, n’ait composé qu’un seul grand air. C’est là, une importante modification dans sa manière.

Junia et le Gaulois ont chacun une scène assez longue. Mais elles ne ressemblent pas à des « airs ». Ces scènes sont écrites avec la préoccupation très évidente de la vie et de la variété. La mélodie se pare de mouvements différents. Elle est coupée par des récits, et certains passages laissent percer une certaine recherche de modernisme qui, bien que restant au fond, classique, ne manque pas d’être sensiblement nouvelle dans l’œuvre de l’auteur d’Hérodiade et de Manon.

Je ne m’étendrai pas longuement aujourd’hui sur l’interprétation. On sait toutes les splendides qualités vocales et scéniques que témoigne Mme Kousnezoff dans le rôle de Fausta, et j’admire particulièrement le charme pénétrant qu’elle apporte dans le duo avec Lentulus.

Dans la scène de la Curia Hostilia, dont les auteurs ont voulu, évidemment, faire le point culminant de Roma, tout gravite autour de Posthumia. On sent que Fausta n’est venue se livrer à ses justiciers, que pour permettre à son aïeule de vivre une scène dramatique entre toutes. Mlle Lucy Arbell la chante avec une ampleur et une émotion infiniment poignantes. Dans la déclamation, se sent la musicalité d’une cantatrice sûre et la voix très expressive en fait ressortir tout le caractère émouvant.

Mlle Hemmler chantait pour la première fois le rôle de Junia. Elle avait un peu d’émotion, la nouvelle vestale. Cela se comprend, car la scène est délicate. Eh bien, malgré cette émotion, Mlle Hemmler l’a chanté d’une voix très sûre, et avec des nuances extrêmement jolies, dont il faut la féliciter. La prochaine fois, avec l’assurance qu’elle a prise, elle y ajoutera une articulation un peu plus nette, afin de détailler davantage cette scène et d’en faire ressortir davantage toute la variété.

MM. Delmas, Noté et Journet sont, vous n’en doutez pas, des interprètes de premier ordre dans les rôles de Fabius, du Gaulois et du Pontife.

L. BORGEX.

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date de publication : 16/10/23